P-au-P, 14 juin 2011 [AlterPresse] --- Trente jours après son accession au pouvoir, le 14 mai dernier, Michel Martelly peine à tourner la page de la campagne électorale et a lancé son administration alors qu’il n’a toujours pas une équipe gouvernementale.
Dans le cadre de ses activités, le président a participé à diverses inaugurations d’écoles nationales et primaires dans plusieurs régions du pays, en particulier dans le Sud où il a lancé le 17 mai le Fonds National pour l’Éducation (FNE).
Par cette démarche, « je veux que tout le monde voie que j’attache une importance particulière à l’éducation », a déclaré Martelly le 7 juin dernier à l’occasion d’une rencontre avec les journalistes pour marquer la journée latino-américaine de la presse.
Ce fonds sera alimenté par un prélèvement de 5 centimes sur chaque appel international entrant vers Haïti, depuis le 1er juin et 1,50 USD à partir de ce 15 juin. Une décision qui n’est basée sur aucun cadre légal ou juridique.
Pour le président, la nature du fonds importe peu. « Le plus important c’est que je sois parvenu à convaincre tout le monde que nous allons faire de l’accès à l’école une chose gratuite », a-t-il martelé le 7 juin dernier.
Quand à l’emploi, qui constitue un autre axe important de la politique que compte mettre en œuvre Martelly, on ne sait pas encore quel plan sera suivi. Il a cependant jugé pléthorique les 268 employés préposés au nettoyage du palais présidentiel, dont l’espace occupé a considérablement été réduit après le séisme.
Quant au sort de l’environnement, Michel Martelly a visité des sites fortement affectés, particulièrement le lac Azuéi (qui déborde et met en péril les infrastructures près de la frontière de Malpasse avec la République Dominicaine).
Martelly a également reçu au palais le 8 juin des responsables d’un regroupement d’une vingtaine d’organisations écologiques haïtiennes appelé « Réseau Écolo ».
Il a invité ces derniers à s’investir dans une campagne de sensibilisation permanente de la population dans le but de mieux l’informer sur la nécessité de protéger l’environnement.
Une mission que le chef de l’exécutif confie également aux médias, qui, selon lui, ne devraient pas seulement mettre l’accent sur des questions d’ordre politique.
A propos de politique, Martelly s’est jeté dans la bataille pour porter le parlement à ratifier son premier désigné le 20 mai dernier, Gérard Daniel Rouzier.
Martelly n’a pas hésité à revenir à ses actions de campagne en lançant des appels téléphoniques pour convaincre la population de la validité de son choix. Ce qui a irrité certains parlementaires, qui ont interprété ce geste comme une tentative d’empiètement sur leurs propres prérogatives.
Les méthodes de campagne ont également été utilisées pour promouvoir la personnalité de Martelly, avec des affiches géantes à travers la capitale et la diffusion sur les médias d’État d’une chanson à la gloire du président, comme cela se faisait au temps de la dictature des Duvalier.
Le culte de la personnalité est interdit par la constitution de 1987, toujours en vigueur en dépit du processus d’amendement qu’avait entamé la 48ième législature et qui a été finalisé par la 49ième dans la nuit du 9 mai 2011.
En effet, le président a décidé le 6 juin écoulé de rapporter la publication du journal officiel le moniteur du 13 mai qui comporte la version amendée erronée de la loi-mère.
Entre le chanteur et le président, Martelly a montré quelques difficultés à faire un choix définitif. Souvent sur scène il s’est transformé en chanteur et s’est même cru sur un char de carnaval lorsqu’il a lancé des propos frôlant la grivoiserie durant l’inauguration le 26 mai à Tabarre (périphérie nord) d’un édifice qui doit abriter une école.
Dans une allusion à peine voilée au sexe, Martelly a déclaré que le nouvel édifice était « byen kale, byen bande ». [rh gp apr 14/06/2011 16:00]