P-au-P, 27 mai 2011 [AlterPresse] --- Face à la hausse des prix des produits alimentaires, il faudra définir et mettre en œuvre une véritable politique de protection sociale à moyen et long terme pour les ménages en Haïti, sans oublier le développement économique.
Telles sont les recommandations issues d’une évaluation de l’impact de la hausse des prix sur les conditions de vie des ménages vulnérables, urbains et ruraux, en Haïti, menée par diverses organisations, dont la branche nationale du Programme alimentaire mondial (Pam) et la coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa, entité publique relevant du ministère haïtien de l’agriculture et des ressources naturelles / Marndr.
Dans cette évaluation, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse, le Pam considère urgent de renforcer, durant les 6 à 12 prochains mois, l’assistance alimentaire aux ménages jugés vulnérables.
L’augmentation des prix des produits alimentaires a une incidence à la fois sur les dépenses et les revenus des ménages, sur la santé de la famille et sur l’éducation des enfants, indique Paola Dos Santos, nutritionniste et coordonnatrice à la branche nationale du Pam.
Ayant pris en compte les municipalités de Port-au-Prince et Croix des Bouquets (Ouest d’Haïti) ainsi que Gonaïves (Artibonite / Nord), l’évaluation faite révèle une similitude entre les milieux urbains et ruraux en ce qui a trait à la hausse des prix des produits alimentaires.
Dans ce contexte, les femmes ont principalement vu leurs activités se réduire ou disparaître avec la hausse des prix des biens alimentaires. Les femmes les plus vulnérables ont été contraintes de faire le tour des marchés publics (de distribution de produits alimentaires) pour récupérer des aliments avariés destinés à nourrir leurs familles.
Les hommes ont moins d’opportunités d’emplois.
L’endettement et la mendicité ont également accru.
Le nombre de repas par jour, qui a diminué chez les ménages avec la hausse des prix des biens alimentaires, pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé familiale, selon les institutions de santé.
Les dépenses scolaires sont, en outre, très affectées. Les enfants, sont à ce titre, les plus fragilisés et leur attention à l’école a baissé, signale la nutritionniste Dos Santos.
L’augmentation des prix est survenue à un moment critique, les distributions de nourriture dans le cadre de la réponse post-séisme ayant été interrompues, fait valoir Paola Dos Santos.
Des pics de malnutrition ont été découverts dans une trentaine de communes d’Haïti, soulignait un récent bulletin du Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (Ocha).
Des cas de malnutrition aiguë sévère ont également été trouvés.
Ces pics sont plus élevés que la moyenne nationale. Ils sont le signe d’une détérioration de la situation nutritionnelle et « d’une insécurité alimentaire exacerbée par la récente hausse des prix des denrées alimentaires », explique un bulletin d’informations consulté par AlterPresse. [kft rc apr 27/05/2011 11:00]