P-au-P, 24 mai 2011 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations haïtiennes et étrangères demandent aux autorités nationales d’adopter des dispositions institutionnelles pour faire cesser les expulsions forcées de personnes déplacées après le séisme du 12 janvier 2010, dans une déclaration en date du 23 mai 2011 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Tout en appelant à des mesures responsables visant à doter les personnes déplacées de logements définitifs, leur permettant de quitter les tentes, les organisations signataires de la déclaration du 23 mai exigent également des poursuites judiciaires contre les auteurs des violences et menaces d’expulsions forcées.
« Des tentes sont déchirées, brulées. Dans certaines zones, on se sert de groupes armés pour intimider les habitants des camps. On encourage la division parmi ces derniers, on leur interdit de pratiquer le commerce, de se réunir, d’accueillir des organisations susceptibles de les accompagner », dénoncent les organisations dans cette déclaration.
Au-delà de la démolition de tentes, ayant servi de couverture pour des forfaits (vols, agressions et autres), des cas de violences sont signalés, ces derniers jours, dans différents camps pour contraindre les sans abris à laisser leurs refuges sans connaître leur prochaine destination.
Des témoignages, relatant le cauchemar vécu par les habitants des camps sous l’emprise de menaces constantes d’expulsion à leur encontre, ont jalonné les 3 journées d’un colloque sur la problématique du logement des personnes déplacées après le tremblement de terre de 2010, tenu du 19 au 21 mai 2011 à Port-au-Prince.
L’Etat doit garantir le droit au logement à à toutes et tous, stipulent le pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc) ainsi que la Constitution haïtienne du 29 mars 1987 (notamment l’article 22).
Les personnes déplacées internes doivent être totalement protégées, en particulier contre les expulsions forcées, suivant les principes humanitaires en cas de catastrophes naturelles, rappellent les organisations signataires de la déclaration du 23 mai considérant les actes de violences contre les sans abris comme inacceptables et les qualifiant de crimes et de violation des droits humains.
« Au contraire, l’Etat doit protéger les gens et préparer un espace adéquat pour leur relocalisation dans le cas où le propriétaire du terrain, dans lequel ils se trouvent, les menace d’expulsion forcée », souligne la déclaration.
Environ 80 représentants de comités de camps de personnes déplacées ont signé la prise de position publique du 23 mai 2011 avec les organisations initiatrices du colloque de 3 jours (19 au 21 mai 2011), dont le groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), la force de réflexion et d’actions sur la problématique du logement en Haïti (Frakka), la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) et la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda). [mm rc apr 24/05/2011 12:00]
Témoignage de Darlene Paul, jeune femme déplacée, sur ses déboires depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010