Communiqué de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) / Organisation Interaméricaine des Travailleurs (ORIT)
Soumis à AlterPresse le 30 janvier 2004
Une délégation de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) et de son organisation régionale, l’Organisation Interaméricaine des Travailleurs (ORIT) se rendra en février en Haïti dans le cadre d’une mission urgente afin de manifester son soutien au mouvement syndical Haitien. La Coordination Syndicale Haïtienne (CSH), l’organisation fraternelle de l’ORIT dans ce pays, a été durement touchée par les répressions de ces dernières semaines.
Dans une lettre adressée au Président Jean Bertrand Aristide, l’ORIT a condamné les atteintes à la liberté syndicale et aux plus élémentaires droits de l’homme. Plusieurs dirigeants syndicaux ont été en effet arrêtés arbitrairement par les autorités haïtiennes, entre autres : Jean David Dorme, Ludie Lapointe, Ernst Tondro, Réginald Saint Jean, Eloi Welche, André Sonel, David Cedieu, Joseph Jean Guito, Guerrier Stephen, Louis Rochel, Lubin Lulia. Les 11 syndicalistes ont été capturés le 24 janvier dernier par des policiers fortement armés qui perquisitionnaient illégalement le siège de la CSH en prétextant la recherche d’armes et du Secrétaire Général de la CSH, Charles Fritz. Les syndicalistes se trouvent actuellement enfermés au Pénitentier National où sont emprisonnés d’habitude les prisonniers de droit commun. Ils ont été brutalisés et détenus sans aucun mandat d’arrêt. Par après, l’accès à un avocat leur a été refusé. "Ces pratiques rappellent le temps de la dictature des Duvalier" a déclaré Victor Baez, Secrétaire Général de l’ORIT.
La réception d’un document contenant le nom de 20 syndicalistes qui se sont vus obliger de prendre la fuite depuis la fin de l’année dernière suite à de nombreuses agressions et menaces, parfois de mort, n’est rien d’autre qu’un exemple de la constante répression qui subsiste en Haïti contre le mouvement syndical.
L’ORIT s’est également déclarée fortement préoccupée par la répression contre les manifestations anti-gouvernementales. Mercredi dernier, le Président du Comité Ouvrier Haitien, Joseph Montes, a été détenu temporairement en compagnie d’autres syndicalistes lors d’une manifestation contre la gestion du Président Aristide. Le lendemain, un étudiant a été assassiné par la police et 20 autres ont été arrêtés.
Le Secrétaire Général de l’ORIT, qui formera partie de la délégation, a déclaré : "En dépit des nombreuses pétitions en faveur du respect des libertés syndicales et de l’intégrité physique des syndicalistes, les autorités haïtiennes n’ont montré aucun signe de vouloir mettre un terme à ces pratiques exécrables qui sont quotidiennement dénoncées. La communauté syndicale internationale et tous les secteurs démocratiques du monde doivent s’intéresser au sort du peuple Haitien".
L’ORIT exige la libération immédiate de tous les syndicalistes arrêtés arbitrairement et l’arrêt des atteintes contre les personnes, qui, à travers leur positionnement politique, cherchent à protéger de manière légitime les intérêts des travailleurs.
L’ORIT a aussi lancé un appel à toutes ses affiliées dans les pays membres du CARICOM afin que ceux-ci soulignent auprès de leur gouvernement respectif l’importance du respect des droits de l’homme comme étape nécessaire pour la recherche d’une solution pacifique à la crise qui affecte le pays le plus pauvre du continent américain et de l’hémisphère nord.
L’ORIT est la branche continentale pour le continent américain de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) et représente plus de 45 millions de travailleurs et travailleuses.
Ref.
Linda Chavez-Thompson, Presidente
Victor Baez, Secrétaire Général