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Haïti-Éducation 2011 : Tant de défis à relever

Par Karenine Francesca Théosmy

P-au-P, 17 mai 2011 [AlterPresse] --- Une scolarisation gratuite et obligatoire pour les enfants haïtiens : c’est l’une des principales promesses du nouveau président de la république, Joseph Michel Martelly, qui soulève de multiples questions et d’immenses espoirs, selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse.

En dépit de l’exigence faite par la Constitution du 29 mars 1987, l’Etat haïtien n’a jamais inscrit l’éducation comme une priorité.

Au lendemain du séisme du 12 janvier 2010, cependant, l’ex-président d’alors René Garcia Préval a voulu en faire le levier de la reconstruction du pays.

Début 2008, Préval avait déjà mis en place un groupe de travail sur l’éducation et la formation (Gtef), composé, notamment, du recteur de l’université privée Quisqueya, Jacky Lumarque, avec pour mission de « proposer des stratégies pour l’éducation universelle ».

Le Gtef a soumis de nombreuses propositions, mettant en exergue la nécessité de rendre la scolarisation gratuite.

Des travaux du Gtef, le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) a établi un plan opérationnel, avec une première phase d’exécution allant de 2011 à 2015 et appelant à un financement de l’ordre de 4,3 milliards de dollars américains (US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui).

« Time [and] money »

« Dans la situation actuelle, il est évident que le pays ne pourra pas mobiliser tout cet argent dans le temps prévu, même avec un effort budgétaire considérable », reconnaît Norbert Stimphil, membre du comité exécutif du Gtef, ajoutant que le pays doit se mettre rapidement à créer des emplois.

« Pour arriver à offrir ces services[en éducation, entre autres], l’Etat doit nécessairement élargir son assiette fiscale. Ce travail est naturellement celui de spécialistes. Il faut que le nouveau gouvernement mette des spécialistes sur ces questions pour arriver aux bonnes solutions », indique t-il.

Aujourd’hui 9% seulement du budget national est accordé au financement de l’éducation.

Sur les 60%, de ce budget, qui proviennent de l’aide internationale, la part de l’éducation représente seulement 3%.

L’Etat devrait, ainsi, consacrer 30% du budget au profit de l’éducation et une part égale de l’aide internationale devrait être accordée à ce secteur, propose le Gtef, qui n’écarte pas un soutien de la diaspora.

Ce soutien, est la première action, avancée par Martelly, pour financer “son vaste projet” d’éducation.

Avant son investiture, le samedi 14 mai 2011, le président du 20 mars a évoqué la création (prochaine) de deux nouvelles taxes sur les transferts d’argent et les appels en provenance de l’étranger.

« J’ai annoncé que j’allais rendre l’école gratuite et ils ont dit que j’étais fou.
Mais, je ne vais pas uniquement rendre l’école gratuite, je vais faire des efforts pour que l’école soit obligatoire », a fait savoir Martelly dans son discours d’investiture, le 14 mai dernier.

4 mois restent à courir avant la prochaine rentrée scolaire (de septembre 2011).

Outre la volonté et l’énergie, sans cesse affichées par l’ex-chanteur, il faudra surtout relever de multiples défis et composer avec des enjeux politiques.

Le président du 20 mars 2011, dont le parti possède très peu de sièges au parlement, pourrait se retrouver poings liés, au moment de choisir son premier ministre, élément clé de la mise en œuvre de toute politique.

Selon la Constitution du 29 mars 1987, c’est le parti majoritaire qui a la prérogative de désigner le premier ministre. En ce sens, le regroupement politique Inite (Unité) du président sortant, René Garcia Préval, avec la moitié des sièges et une « vingtaine d’alliés », semblerait tout-à-fait indiqué.

Mais surtout, comment mobiliser le financement ? Combien de temps cela prendra t-il ?

Et, du reste, comment refait-on un système, quand plusieurs tentatives ont auparavant échoué ?

Depuis la réforme du système, tentée par l’éducateur Joseph C. Bernard (1980), en passant par l’éducation universelle de Jean Bertrand Aristide et le « rêve » de Préval, on peut retrouver, au fil des décennies, quasiment autant d’idées de reforme que de gouvernements. [kft rc apr 17/05/2011 12:18]