Español English French Kwéyol

Haiti-Politique : De Préval à Martelly…

Par Ralph Henry

P-au-P, 13 mai 2011[AlterPresse] --- Plusieurs secteurs de la vie haïtienne ont qualifié « d’échec total » le quinquennat du président sortant René Préval et ont exprimé des inquiétudes vis-à-vis de l’avenir, au moment où le président élu Michel Martelly s’apprête à entrer en fonction le 14 mai.

« C’est un échec total. C’est le pire président que le pays ait jamais connu », déclare le coordonnateur du Mouvement des Paysans de Papaye (MPP) Chavannes Jean Baptiste, ex membre du cabinet de Préval durant son premier mandat (1996).

Chavannes accuse Préval d’avoir « tout fait pour détruire la production nationale », en acceptant les politiques économiques néolibérales et en « ouvrant la porte aux firmes multinationales du secteur agricole, comme Monsanto ».

Max Dialy Laffont, qui est le coordonateur adjoint du Mouvement Revendicatif des Paysans de l’Artibonite (MOREPLA), abonde dans le même sens.

« Au cours de l’administration de Préval nous n’avons fait que marche arrière », affirme t-il.

« Avant on produisait 200 mille tonnes métriques de riz mais avec Préval on n’en produit aujourd’hui que 75 mille », déplore le planteur.

« Aucune catégorie sociale n’a gagné », estime Serge Gilles, de la plateforme Alternative (opposition), rejoint par AlterPresse.

« En gros c’est négatif, aucun des paramètres n’a changé, je parle d’échec », précise le dirigeant de l’Alternative

« La misère persiste dans le pays. C’est un bilan négatif », souligne le docteur Junot Félix, de l’Action pour Construire une Haiti Organisée (AKAO), nouveau parti qui se réclame du socialisme.

« Les indicateurs sont pires qu’avant », ajoute Félix, qui déplore l’absence de politiques de logement et d’éducation durant l’administration Préval.

L’histoire retiendra René Préval comme « l’un des grands présidents d’Haïti », déclare au contraire le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Edmond Mulet, lors de sa dernière conférence de presse le 12 mai.

Edmond Mulet, en fin de mandat, déclare que « pour la première fois de leur histoire les haïtiens ont pu vivre à l’abri de la répression politique. Les milices, tels que les « chimères » et les « tontons macoutes » ont disparu. Les citoyens ont pu s’associer, discuter, critiquer le gouvernement et les agissements du gouvernement sans peur de représailles », souligne-t-il.

Mulet relève une « importante contribution » du président sortant à la politique en Haïti et rappelle que « Préval est et restera dans l’histoire le premier président d’Haïti à avoir conclu deux mandats démocratiques dans la paix sociale ».

Le bilan officiel du gouvernement est attendu pour « la semaine prochaine », informe la ministre de la Culture et de la Communication, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, qui a été contacté par AlterPresse.

De son coté, Joseph Jasmin, ministre chargé de la gestion des relations entre les pouvoirs exécutif et législatif, estime avoir fait « le travail qui était possible » et avoir fait son travail « jusqu’au bout », parvenant à « aplanir beaucoup de conflits » entre les deux pouvoirs.

Le ministre Jasmin conjecture que le « gouvernement à venir aura du travail ». Il « doit s’atteler au relèvement du pays après le cocktail de malheurs, qui a assailli l’administration de Préval », qui a eu a gérer le passage de plusieurs cyclones et le tremblement de terre du 12 janvier.

« J’ai peur… »

Le docteur Félix doute que le gouvernement de Michel Martelly, adressera les plus importantes questions, notamment, celle de « l’investissement direct en Haiti ».

« J’ai peur de l’administration qui va venir ; encore un président qui arrive avec des amis et bien sur des opportunistes », s’inquiète-t-il.

Il conditionne la réussite de l’administration à venir à la neutralisation d’une partie de la bourgeoisie haitienne qui empêcherait l’investissement de capitaux étrangers dans le pays.

Selon lui, il faut poser le problème des capitaux en sorte que toute la société en soit informée. « Le capital dont nous disposons aujourd’hui ne peut entrainer un vrai changement », soutient-il.

Pour sa part, l’agriculteur Max Laffont, souhaite que les intrants cessent d’être rares et que les paysans trouvent de bonnes semences et de l’encadrement, « même quand je ne doute pas que des compagnies d’importation de riz étrangers ont financé la campagne électorale » de Martelly, lache-t-il.

Serge Gilles, « souhaite un grand bien au gouvernement à venir et au pays ». [rh gp apr 13/05/2011 18:00 ]