P-au-P, 06 mai 2011 [AlterPresse] --- Rien n’est encore clair à dix jours de l’investiture (annoncée pour le 14 mai prochain) du président du 20 mars 2011, Michel Joseph Martelly, observe l’agence en ligne AlterPresse.
La plateforme politique “Inite” (Unité) du président sortant, René Garcia Préval, affirme s’en tenir aux résultats dits définitifs du 20 avril 2011, qui donnent ses candidats “vainqueurs” de législatives pour le moins controversées.
Paradoxalement, "Inite" a déjà entamé, le 4 mai 2011, une action en justice (en référé) en faveur de ses 19 candidats contestés et contre l’État haïtien, qui n’a pas publié les noms de ses candidats au journal officiel de la république, en dépit de certificats de réussite "délivrés" par l’organisme électoral.
En divers endroits, comme à Grand-Goâve (Ouest), les partisans de ce regroupement clament leur intention de manifester violemment si les résultats dits définitifs ne sont pas maintenus ni publiés au journal officiel “Le Moniteur” de la république.
Suite à la publication des résultats dits définitifs des législatives, tard dans la soirée du mercredi 20 avril 2011, à Grand-Goâve et sur l’ile de la Gonave, les activités scolaires n’ont pas encore repris, malgré la fin de la trêve pascale le 24 avril.
Résultats contestés par diverses couches de la population, des organisations de défense de droits humains et la mission d’observation électorale conjointe (Moec) de l’organisation des États américains et des pays des Caraïbes (Oea-Caricom).
Sur demande du gouvernement, la Moec / Oea-Caricom dresse un rapport accablant pour le conseil électoral provisoire (Cep) au sujet de 19 postes législatifs, dont 17 à la chambre des députés et 2 au sénat, .après avoir analysé les décisions du bureau du contentieux électoral national (Bcen), prises en violation de la loi électorale et d’autres dispositions relatives aux listes électorales partielles (Lep) et au centre de tabulation des votes (Ctv).
Des sénateurs ont formé une commission afin d’enquêter sur les 19 cas de contestation signalés.
Au regard du rapport de la Moec Oea-Caricom, les décisions du Bcen paraissent sans fondement. Ce qui jette du discrédit sur le processus électoral conduit à date par le Cep, qui a bénéficié (en premier lieu) du support de la communauté internationale.
Pour essayer de sortir de la crise post-électorale, qu’il a engendrée, le (président du) Cep évoque la possibilité de mettre sur pied un Bcen spécial pour rejuger les 19 cas contestés. Et dire que cette même structure d’organisme électoral décrié a planifié la tenue d’élections complémentaires pour la fin de mai 2011 dans quelques circonscriptions !
Des observateurs n’hésitent pas à mettre en question l’ensemble du processus électoral, apparemment vicié depuis le début des opérations en 2010.
Comme en l’année 2000, une crise post-électorale, qui a commencé depuis le 20 avril 2011, risque de plonger Haïti dans de nouveaux bouleversements politiques, susceptibles d’avoir des incidences fâcheuses sur l’ordre public avec les barricades enflammées et les actes d’agression sur les routes à l’encontre de voyageurs par des partisans de candidats contestés.
Sans y prendre garde, les tenants du pouvoir sortant ont couru au plus pressé en faisant installer une partie des parlementaires élus dans les dernières législatives et en laissant en suspens les “élus contestés”.
Leur priorité consiste à parer au plus pressé pour faire passer, coûte que coûte, leur projet d’amendement de la Constitution du 29 mars 1987, dans un contexte inapproprié et d’absence de sérénité requise. En l’absence des 2/3 du parlement, une commission bicamérale est formée pour étudier la proposition de révision de la Constitution.
Le reste importe peu, pour eux.
Les menaces d’aggravation de la situation alimentaire, les effets de la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché national depuis le 23 mars 2011, l’approche de la saison cyclonique (à partir de juin 2011), les conséquences des fortes averses en divers points du territoire national (inondations et des milliers de sinistrés cette semaine après les premières pluies de début mai) sont des dossiers négligeables, à leurs yeux.
Martelly envisage, après son entrée en fonction, de créer une commission d’investigation sur le même dossier des résultats des législatives contestées pour environ 19 postes.
Ce qui laisse augurer des semaines, voire des mois de tergiversation et d’approfondissement d’un malaise politique en Haïti. Excepté, si les auteurs de l’imposture et de la manipulation électorales acceptent de jouer cartes sur table, sans donner dans la corruption ni les magouilles. [rc apr 06/05/2011 0:00]