Correspondance – Ronel Odatte
Hinche, 03 mai 2011 [AlterPresse] --- Une bonne partie de la population du Plateau central se plaint depuis un mois de ne pas pouvoir se nourrir ni se déplacer comme avant à cause de la hausse des coûts des produits pétroliers, survenu à la fin du mois de mars 2011.
« Il faut avoir beaucoup plus d’argent pour se nourrir et se déplacer en voiture, à moto ou en camion », déclare Mamoune Jean, une ménagère qui s’est confiée à AlterPresse.
Les conséquences de la hausse du prix de l’essence se font durement sentir dans la région du Centre. Les commerçants ne cessent d’augmenter les prix des produits de première nécessité, afin, disent-ils, d’absorber l’accroissement des prix de revient.
Le maïs, aliment préféré des hinchois est passé de 760 à 875 gourdes dans les premiers jours qui ont suivi l’augmentation des prix de l’essence et tend à une augmentation constante. La caisse de lait qui se vendait à 700 gourdes a franchi la barre des 750 gourdes. La farine est vendue à 1550 gourdes le sac contre 1780 gourdes auparavant. La marmite de pois (rouge et noir) est passée de 150 à 200 gourdes.
Une forte augmentation est enregistrée sur le sucre blanc, qui se vend maintenant à 2590 gourdes le sac, alors qu’on pouvait se le procurer à 2080 gourdes.
Jusqu’à présent, le riz n’a pas été affecté par la flambée des prix de l’or noir. Mais il semble que des distributions de kits alimentaires contenant surtout du riz, par des ONGs, notamment World Vision et Mercy Corps, ne sont pas étrangères à cette stabilisation.
Toutefois, « aujourd’hui il est difficile de nourrir une famille de taille moyenne avec 750 gourdes », explique Marie François, une importatrice de riz.
Selon les estimations de la CNSA, plus de 3 millions de personnes se trouvent actuellement en situation d’insécurité alimentaire dans le pays. Le directeur général de cette institution, Gary Mathieu, avait mis en garde en février dernier contre une aggravation de l’insécurité alimentaire durant la période allant du mois de mars au mois de mai.
Il avait également signalé que la stigmatisation des produits agricoles en provenance de l’Artibonite et du Plateau Central en lien avec l’épidémie de choléra a des incidences sur les consommateurs.
En dépit de ce contexte fragile et des sombres perspectives annoncées, le gouvernement actuel avait tout de même choisi de cesser de subventionner l’essence, arguant qu’il ne peut plus « tenir ». Selon le ministre des finances, Ronald Baudin, les subventions entre mars 2010 et mars 2011 ont couté 2,6 milliards de gourdes à l’Etat.
Aucune mobilisation contre cette décision n’a été enregistrée dans le Plateau Central, en dépit de l’appel à la grève des syndicats de chauffeurs en mars à la capitale.
Le trajet Hinche/Port-au-Prince est passé de 200 à 300 gourdes, Hinche-Mirebalais de 150 à 200 gourdes, Hinche-Thomassique de 100 à 125 gourdes. Le taxi moto est quant à lui, passé de 15 à 25 gourdes. [ro kft gp apr 03/05/2011 06:00]