Par Roody Edmé *
Spécial pour AlterPresse
La correspondante d’Amnesty International dénonce, ce mercredi soir 27 Avril au micro de RFI, une situation alarmante en Syrie. Un véritable jeu de massacre du régime de Bashar el Assad contre la population civile. L’armée et les services de sécurité du régime se livreraient à une répression massive destinée à noyer une fois pour toute le « poisson » de la contestation.
Seulement, il se trouve que la situation syrienne est on ne peut plus dangereuse pour les civils opposants, compte tenu du fait que la Communauté Internationale, l’Occident en tête, ne peut se permettre une intervention en Syrie comme cela est le cas en Lybie ou les combats s’enlisent dans le désert. Ce serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase de l’anti occidentalisme déjà par trop rempli.
Et puis, il y a la Russie et la Chine mal à l’aise avec l’intervention de l’Otan en Lybie, à la faveur d’une résolution qui eu leur aval même tiède. Ces pays ne sont pas prêts à s’aligner sur le point de vue occidental, même au nom de l’humanitaire. Les dernières nouvelles au Conseil de Sécurité vont dans le sens de notre analyse.
Il est important de signaler que la Syrie représente un verrou important dans un Proche-Orient en pleine ébullition. Ce pays constitué d’une constellation d’ethnies, Alaouite, Chiite, Sunnite, Druze est un noyau dur et résiduel de l’ancien empire Ottoman. Si la maison Assad s’effondre, nul ne sait ce qu’il adviendra de l’ensemble d’un pays qui s’apparente aux « Balkans » du monde Arabe. Mais il y aussi, ce qui choque la morale internationale, la non-assistance à populations en danger.
L’homme au pouvoir, le président Bashar El Assad a succédé à son père qui dirigea le pays d’une main de fer. Il est décidé à rester au pouvoir quelque soit le prix. Et l’Occident n’a pas contre lui beaucoup de cartes, compte tenu de la délicatesse d’une éventuelle intervention dans le lieu mythique d’un orient complexe et chargé d’Histoire. Il flotte dans l’air, un air de croisade que les manipulateurs du langage guerrier ne manqueront pas d’utiliser. Ce qui fait peur dans les chancelleries occidentales, c’est que ces révolutions arabes qui font mentir le cliché de peuples résignés à la culture brisée et complexée face à Israël pourraient déboucher sur des régimes non solubles dans la démocratie libérale.
Mais il n’est que d’attendre ! Pour l’ heure, elle est particulièrement sanglante, cette attente. Et malgré la fermeté affichée par le régime syrien, les gens descendent dans les rues et se font massacrer. A combien de cadavres le régime peut-il survivre ?
Aux dernières nouvelles, plus de deux cent dignitaires du parti Baas au pouvoir viennent de démissionner. Un signe de profondes fissures annonciatrices de chocs futurs.
* Éducateur, éditorialiste