Español English French Kwéyol

Regard (Chronique hebdo)

Côte-d’Ivoire : L’assaut final !

Par Roody Edmé *

Spécial pour AlterPresse

La Télévision Ivoirienne pro-Ouattara a diffusé en direct l’arrestation de Laurent Gbagbo, président autoproclamé de la Cote-d’ Ivoire, suite aux élections controversées du 28 Novembre dernier qui l’ont opposé au vainqueur reconnu par la Communauté Internationale, Alassane Ouattara.

Un Laurent Gbagbo qui depuis ces derniers mois a refusé d’obtempérer aux injonctions de l’ONU et de l’ensemble de la Communauté internationale de céder le pouvoir qui selon un décompte de l’organisme électoral accorderait 54% à son rival et 46 % au président déchu. S’accrochant au pouvoir comme il le fait depuis 2000, Gbagbo, a préféré le scénario ultime, celui de son arrestation aux cotés de sa femme Simone, présentée par certains tabloïds comme une « lady Macbeth ».

Il est vrai qu’une partie du pays a largement voté pour lui et que ses votes se comptent surtout dans le Sud ; toujours est-il qu’il a perdu au décompte final. Mais le leader déchu d’ Abidjan a préféré transformer sa Capitale en forteresse assiégée en armant des bandes de jeunes, chauffées idéologiquement à blanc, et dopées à l’ idée d’ une croisade anti-colonialiste. Les Bétés, ethnie d’origine du président sortant, étaient sensés supporter Laurent Gbagbo dans cette ultime passe-d’arme avec son vieux rival Ouattara. En effet, les deux hommes s’affrontent maintenant depuis plusieurs décennies et Gbagbo, activiste de gauche avait fait la prison sous le régime du vieux lion, Houphouët Boigny, à l’époque, un certain Ouattara était premier Ministre.

Il y a donc entre les deux leaders un lourd et long contentieux. Et la Communauté internationale s’est au gré de ses intérêts alliée, durant ces onze dernières années tour à tour avec ces deux rivaux éternels. La scène du jour à Abidjan est celle de deux boxeurs qui ont terminé un combat au point. Même si, il faut se faire à l’évidence que l’arbitre a un peu aidé. Nous voulons parler ici des forces de l’ONU et de celles de la France, à travers les contingents de la « Licorne ».

Mais la question demeure, fallait-il laisser durer cette bataille sanglante dans les rues d’Abidjan ? Fallait-il laisser cette guerre civile pourrir et détruire cette belle ville et ce centre économique vital qu’est la capitale Ivoirienne ? A chaque fois que dans les pays du Sud, l’on ne sait pas s’entendre, en respectant les règles du jeu, nous nous condamnons à voir se répéter ces interventions « humanitaires » qui mettent mal à l’aise. Ces missiles partis des hélicoptères français tirés sur le palais présidentiel d’un pays souverain. Le malaise était palpable en France et dans des pays d’Afrique, suite à cette intervention. Mais, il se trouve qu’elle a hâté la fin d’un drame qui se préparait à durer.

J’ai entendu la voix de Guillaume Soro, porte-parole de Ouattara, affirmer que ce sont les forces républicaines (de l’Opposition) qui ont investi le palais pris en otage par Gbagbo depuis le 28 novembre, il a oublié d’annoncer le support aérien effectif de l’ONUCI et des forces françaises sur le terrain.

N’empêche, en dépit de quelque ressentiment, qu’un conflit sanglant connait un dénouement souhaité par tous. Il reste à Allassandre Ouattara et à son équipe d’éviter toute « danse du scalp » et de réconcilier la Côte-d’ Ivoire avec elle-même.

Cette victoire porte en elle les germes féconds de futurs déchirements. Pourvu que le président auréolé d’un double triomphe soit à la hauteur.

* Éducateur, éditorialiste