P-au-P, 5 avril 2011 [AlterPresse] --- Après de longs mois, pleins d’émotions, de surprises et ponctués parfois de violence, le processus électoral s’achemine vers sa fin, avec la victoire à la présidentielle du chanteur Michel Martelly.
Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a annoncé le 4 avril le triomphe Martelly avec 67,57% des voix, contre 31,74% à sa rivale Mirlande Manigat.
Cette annonce a provoqué une explosion de joie dans différents quartiers de Port-au-Prince ainsi que dans les principales villes de province.
Le chanteur qui s’était présenté dans la course électorale sous la bannière du parti Repons Peyizan (Réponse des Paysans) devra succéder à l’actuel président René Préval si son triomphe est confirmé le 16 avril prochain par le CEP.
Une action en contestation de Mirlande Manigat ne parait pas probable.
Peu avant la publication de ces résultats le peuple attendait dans une grande fébrilité et l’éventualité d’une flambée de violence était fortement à craindre.
La publication des résultats préliminaires du premier tour, mettant en première position Mirlande Manigat suivie du candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, avait déclenché une vague de violences, orchestrée par les partisans de Michel Martelly.
Devant la détermination des partisans du chanteur et la pression internationale, le CEP avait décidé de modifier les résultats et d’accepter les conclusions du rapport d’une commission technique de l’Organisation des États américains (OEA), qui préconisait notamment de reléguer Celestin à la troisième place. Ce qui a ouvert la voie au second tour pour Martelly.
La campagne électorale pour le deuxième tour a été caractérisée par la violence, dont les principales victimes étaient des partisans de la candidate Mirlande Manigat. Deux de ses poseurs d’affiche ont été tués et un autre demeure à ce jour porté disparu.
Cependant, le second tour des élections présidentielles et législatives, tenu le 20 mars, s’est déroulé avec une plus grande participation des électeurs contrairement au premier tour, même si le taux ne parait pas avoir dépassé les 20%.
Ce scrutin a globalement eu lieu dans le calme, malgré des accès de violence qui ont fait deux morts et plusieurs blessés. Mais le niveau de fraudes et d’irrégularités a été plus important qu’au premier tour, selon le CEP.
Ce n’est qu’après un long suspense que le CEP a finalement publié les résultats préliminaires du deuxième tour, initialement prévus pour le 31 Mars. Le Conseil avait décidé de repousser la date de publication au 4 avril « en raison (du niveau) de fraudes et d’irrégularités ».
14% des procès-verbaux ont été considérés comme « manifestement frauduleux », selon l’institution électorale.
Martelly deviendra sans doute à partir du 16 avril le 56ème chef d’État d’Haiti, après une carrière musicale à succès marqué par ses comportements extravertis et la grivoiserie.
En dépit du fait de n’avoir pas été sur la scène politique, Martelly a appuyé le sanglant putsch militaire contre l’expérience démocratique de 1991, lorsque le président Jean Bertrand Aristide était parvenu au pouvoir pour son premier mandat. [kft gp apr 05/04/2011 15 :00]