Correspondance – Ronel Audate
Hinche, 30 mars 2011 [AlterPresse] --- Malgré la menace réelle qu’il représente pour la biodiversité, le commerce des oiseaux devient de plus en plus une source de revenu dans certaines régions du Plateau Central (Est), affirme l’agronome Lyps Maitre, spécialiste de la foresterie, et responsable du ministère de l’agriculture dans la commune de Maissade.
Lyps Maitre explique que les habitants de la région continuent encore de faire la chasse aux oiseaux notamment les Perruche, Ramier, Tourterelle et autres Perroquet, pour les vendre en République Dominicaine. Parfois, les acheteurs dominicains traversent eux-mêmes la frontière illégalement pour se les procurer.
Ces oiseaux sont capturés au moyen de pièges variés placés au pied des arbres ou sur les branches. Une fois capturés, ils sont généralement vendus pour plusieurs dizaines de pesos. Un Perroquet par exemple peut être vendu jusqu’à 200 pesos. Aujourd’hui, dans les localités de Bois Rouge, Madame Joie, et Ranthionoby (dans la commune de Maissade), le commerce des oiseaux est une source de revenu comme une autre et prend une proportion menaçante, ajoute le spécialiste.
Ce commerce n’est pas sans conséquence sur la biodiversité. La plupart de ces oiseaux se nourrissent des insectes qui s’attaquent aux cultures. Or, leur chasse se déroule tout à fait librement. Ainsi, sans en être conscients, les habitants contribuent grandement dans la disparition d’espèces entières.
Cependant, selon le maire principal de la commune de Thomassique, Wilmane Mathé, cette activité n’est pas nouvelle. Il confirme que le commerce informel de volailles entre haïtiens et dominicains existait déjà. Les Dominicains viennent en Haïti et achètent des pintades et d’autres volailles, soit pour la consommation, soit pour la commercialisation, signale t-il.
Monpremier Jackson et Francius Antoine, deux membres d’organisation de la société civile à Thomassique, indiquent que les acheteurs dominicains traversent illégalement la frontière pour se procurer des oiseaux en Haïti. Bien que les autorités dominicaines disent reprouver l’arrivée de ces animaux sur leur territoire, elles n’ont rien fait concrètement pour l’empêcher. Les vendeurs traversent sans difficulté la frontière avec des paniers remplis d’oiseaux, témoignent-ils.
Pourtant, les lignes frontalières sont toujours soumises à un contrôle drastique des militaires dominicains, au point que les Haïtiens vivant dans les régions frontalières du Plateau Central, qui pratiquent le commerce de produits frais et de vêtements usagers (en créole PèPè), se plaignent de ne pas pouvoir écouler leurs produits sur le marché voisin. [ra kft gp apr 30/03/2011 13:00]