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Les Journalistes Indépendants dans le couloir de la mort du Régime Lavalas, avertit le GRALIP

Communiqué du GRALIP

Soumis à AlterPresse le 24 janvier 2004

Port-au-Prince, le 23 Janvier 2004

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) est extrêmement préoccupé par l’intensification de menaces terrifiantes contre la presse indépendante et l’énorme rayon d’action de la tempête politique qui a emporté, le 13 Janvier 2004, les émetteurs de plusieurs médias à Boutilliers.

Des informations pertinentes, parvenues au GRALIP, font état de la mise en place, par des faucons Lavalas, d’un plan de liquidation physique d’un certain nombre de responsables de médias et de journalistes indépendants, considérés d’ores et déjà comme des morts en sursis, dont seuls le jour et le lieu de l’exécution ne seraient pas encore connus ou déterminés. Des membres de la Rédaction des Radios Métropole, Vision 2000, Kiskeya, Caraïbes et Ibo seraient particulièrement ciblés.

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse tient à signaler que, malgré l’extrême gravité du coup de Boutilliers, sans état d’âme, les auteurs et les commanditaires de cette opération sont donc prêts à récidiver, faute d’avoir été punis ni même inquiétés.

Dans leur folle aventure, note le GRALIP, les ennemis de la démocratie ont contraint le personnel de Radio Caraïbes à prendre la fuite en plein jour, après un assaut repoussé par les voisins de la station, lors des funérailles extrêmement mouvementées du jeune Maxime Déselmours le vendredi 16 Janvier 2004 à Port-au-Prince.

Le GRALIP constate que les informations et révélations recueillies ces derniers jours coïncident avec le retour en fanfare, sur la scène politique, du tristement célèbre gang lavalas " Dòmi nan bwa ", responsable de l’assassinat sauvage du directeur de l’information de Radio Echo 2000, Brignol Lindor, le 3 Décembre 2001, à Petit-Goâve.

Comme en 2001, des journalistes de la ville sont aujourd’hui menacés de mort par les membres de " Dòmi nan Bwa " qui circulent en toute impunité.

Dans d’autres villes de province, les journalistes, pour la plupart, des jeunes dévoués et passionnés, ne sont pas mieux lotis, tant la répression politique et l’intolérance sont à leur paroxysme.

Le GRALIP relève que cinq stations de Radio ont été incendiées ou attaquées en quelques semaines, à St Marc dans l’Artibonite : Radio Pyramide et Radio América, deux stations pro-gouvernementales ainsi que " Tèt a Tèt " , Lumière de la Jeunesse Saint- Marcoise (LJS) et Radio Delta, accusées d’être d’obédience anti - lavalas ou de relayer les programmes d’informations de médias indépendants de Port-au-Prince.

Dans la même région, Radio Super Gemini et Radio Atlantique ont dû cesser d’émettre suite à des menaces répétées dont elles faisaient l’objet. Gérald Jacques, Directeur de Radio Atlantique, et Marc-Antoine Adolphe, principal responsable de Radio " Tèt a Tèt ", sont entrés dans la clandestinité.

Le GRALIP observe également qu’à St Marc et dans plusieurs autres villes, des policiers se sont accordé le droit de placer sous haute surveillance des correspondants assurant, par voie téléphonique, la transmission d’informations aux médias qu’ils représentent.

Aux Cayes, la troisième ville d’Haïti, Radio Sud FM a dû interrompre ses émissions à cause des menaces contre son directeur Roody Balan, coupable, aux yeux de certains, d’accroître l’audience des Radios indépendantes dans la région du Sud.

Le GRALIP condamne cette déferlante lavalas (avalanche) contre des stations de province, des micro-entreprises qui sont la plupart du temps le fruit de grands efforts individuels, de jeunes professionnels attachés à leur communauté d’origine.

En province, les médias chauds entretiennent une relation de proximité avec le public et sont les principaux animateurs de la vie nationale, rappelle le GRALIP.

Par ailleurs, le GRALIP déplore les agressions physiques dont ont été victimes, ces dernières semaines à Port-au-Prince, des journalistes travaillant pour des médias pro-gouvernementaux officiels ou privés. Mais, les accusations, selon lesquelles ces journalistes joueraient le rôle d’indicateur de police, soulèvent de grandes interrogations, notamment sur l’application des règles professionnelles dans leur travail.

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) réaffirme que le temps est à la solidarité, à la défense et à la consolidation des acquis de la Presse Indépendante, dont l’existence est indispensable au Processus Démocratique.

Pour le GRALIP,

Vario Sérant, Coordonnateur principal

Stéphane Pierre-Paul, Assistant Coordonnateur

Ronald Colbert, Administrateur