Español English French Kwéyol

Haiti-Elections : Tournure violente et appréhension

P-au-P., 14 mars 2011 [AlterPresse]--- À un peu plus de 24 heures de la fermeture officielle de la campagne électorale et trois jours de la tenue du second tour des présidentielles et législatives, la campagne, qui se déroule depuis le 17 février, est marquée par des violences, ce qui préoccupe divers secteurs.

Au moins quatre personnes ont tuées, et plus d’une centaine d’autres blessées dans des incidents liés directement ou indirectement à la campagne électorale des candidats Mirlande Manigat, du Rassemblement des Démocrates nationaux Progressistes (RDNP) et Michel Martelly de Repons Peyizan (Réponse des Paysans), constate AlterPresse.

Le mardi 15 mars, Mirlande Manigat a dû mettre fin prématurément à sa tournée à Mirebalais dans le Plateau Central (Est) et a dû quitter cette ville sous forte escorte de sa sécurité rapprochée ainsi que des policiers de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO).

Elle a dénoncé la passivité des forces de l’ordre qui « n’ont fait état d’aucune arrestation après les incidents violents » qui ont fait une dizaine de blessés légers.

Elle a attribué la responsabilité de cet acte aux partisans du camp adverse et a réprouvé « les différentes formes de violences croissantes enregistrées au cours de sa campagne électorale. »

« Je ne peux et n’acceptera pas la violence », a averti la secrétaire générale du RDNP qui se dit déterminer à soumettre une plainte « formelle » au Conseil Électoral Provisoire (CEP), principale organe régulatrice du processus.

C’est la deuxième attaque contre un rassemblement de Manigat, après celle du Cap-Haïtien, qui a été provoquée par des partisans de Martelly.

Cependant, le chanteur a, dans ses déclarations publiques, rejeté la violence. « Je condamne fermement tous les actes de violences qui ont eu lieu au cours de ma campagne. Mes partisans et sympathisant en sont souvent victimes lors des rencontres, meetings et rassemblement », a-t-il martelé.

Il a soutenu que « souvent les actes de violences occasionnées lors des différentes mobilisations dans plusieurs régions du pays sont l’œuvre d’un troisième secteur politique qui veut à tout prix semer la pagaille dans le processus électoral et non forcément des proches de sa rivale. »

Les deux candidats exhortent les autorités compétentes à prendre des mesures urgentes et indispensables pour faire régner un climat de paix le jour du scrutin, le 20 mars prochain.

Joint au téléphone par AlterPresse, un haut fonctionnaire du CEP qui a requis l’anonymat, a déploré que « les deux candidats à la présidence qui accusent simultanément le CEP ne de pas assumer ses responsabilités n’ont pas, non plus, assumé les leurs. »

« Aucun-e d’entre eux n’a respecté la loi électoral à laquelle ils avaient pris l’engagement de se soumettre avant l’ouverture officielle de la campagne », a-t-il renchéri, sans indiquer les dispositions mises en œuvre par l’institution pour appliquer cette loi.

De son coté, l’Organisation des Etats américains (OEA), qui a déployé cinquante observateurs électoraux dans tous les départements du pays en prévision du second tour des élections, a condamné, lundi, les violences survenues ces derniers jours entre les partisans des deux candidats à la présidentielle.

La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a, elle aussi, déploré, mercredi, les actes de violences enregistrés au cours de la campagne électorale.

Des citoyens se montrent inquiets face à la possibilité que d’éventuels troubles se produisent pendant et après le vote.

La campagne électorale prendra fin le vendredi 18 mars. Plusieurs manifestations publiques sont prévues par les candidats ce jour-là à Port-au-Prince. [sfd gp apr 17/03/2011 10 :00]