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Haïti-Élections : Une classe politique à la dérive

Débat

Par André Lafontant Joseph [1]

Soumis à AlterPresse le 11 mars 2011

Une classe politique qui se fait harakiri

La classe politique, accusée de tous les maux, certes à tort, par l’un des candidats à la présidence, devrait pourtant faire une sérieuse autocritique de ses positions peu intelligentes durant ces derniers temps.

Comme l’exprime si bien Guy Pierre, dans son récent article publié par AlterPresse, la classe politique reste arc-boutée à des positions qui ne tiennent compte ni des développements imprévus de la situation politique, ni des vraies tendances de la population.

Elle veut l’annulation des élections, alors qu’apparemment la population, dans sa grande majorité, va voter. Elle boycotte des législatives sans le consentement de ses candidats et, après, les laisse, sans aucun support, se battre pour essayer de barrer la route aux imposteurs d’INITE et alliés.

Cette classe politique assiste, figée, à la montée d’un gouvernement duvaliéro-fasciste, emprisonnée dans ses rancœurs contre René Préval qui fait déjà partie d’un passé honni. C’est à ne rien comprendre.

Voilà une classe politique qui ne peut choisir entre le "moins bon" et le pire, qui laisse une jeunesse mal renseignée, sans directive, à la merci des propagandes les plus mensongères, les plus obscurantistes.

Elle laisse un candidat l’accuser d’avoir été au pouvoir durant les 25 dernières années, sans même s’en défendre et rétablir la vérité.

Les Jean Bertrand Aristide, Les René Préval ont-ils jamais été des leurs ? Ne sont-ils pas de la même veine que ce candidat, des "dasomann" politiques, pour lesquels les partis politiques sont des chapeaux légaux ?

M. Préval qui a dirigé le pays durant 10 ans, sur ces 25 dernières années, est-il un intellectuel ? Combien de "plomes" détient-il ? N’est-il pas de la même veine que le candidat en question ?

Me voilà des boucs émissaires bien consentants.

Je me suis évertué, depuis février 2010, à tirer toutes les sonnettes d’alarmes contre ces positions stériles, notamment les mots d’ordres de boycott des élections. Mes positions m’ont valu la foudre de M. Préval. N’était-ce la chance, je serais en prison pour le présumé meurtre de mon épouse. Pour quel résultat ?

Nous sommes à quelques jours d’une élection qui peut nous plonger dans une nouvelle chute plus profonde en enfer, ou offrir au moins une accalmie politique pour panser les blessures, se concerter, et cette classe politique reste dans son silence.

Ce que vous ne comprenez pas, Messieurs, mesdames, c’est qu’en prenant le devant de la scène politique, vous avez pris la responsabilité du leadership politique de la population, que vous soyez au pouvoir ou non.

Si vous persistez encore dans cette voie puérile et stérile, durant le peu de temps qu’il nous reste, vous serez aussi coupables, que René Préval et les gens d’INITE, de ce qui va se passer dans ce pays.


[1Professeur, spécialiste en décentralisation