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Haiti-Justice : Il faut rendre justice aux victimes de Duvalier, selon l’Expert indépendant de l’ONU Michel Forst

P-au-P., 24 fév. 2011 [AlterPresse] --- L’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Michel Forst, recommande que les mesures nécessaires soient prises pour rendre justice aux victimes du régime dictatorial de Jean-Claude Duvalier et souligne que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles.

Jean-Claude Duvalier, de retour en Haiti le 16 janvier dernier après 25 ans passés en France suite à sa chute en 1986, fait l’objet de plusieurs plaintes pour crimes contre l’humanité.

Les avocats du tyran soutiennent que les accusations de détournement de fonds et de crimes contre l’humanité portées contre leur client sont « définitivement » prescrites et les assimilent à des « persécutions politiques ».

Cependant, lors d’une conférence de presse, Michel Forst précise que les « crimes contre l’humanité et certains autres crimes sont imprescriptibles ». Il recommande de prendre toutes les dispositions possibles afin de « rendre justice aux victimes » du régime de Duvalier.

Arrivé au pouvoir en 1971, Jean-Claude a succédé à son père François Duvalier, qui, lui-même, a accédé au pouvoir en 1957.

« Sans vouloir remplacer le gouvernement haïtien », Michel Forst rappelle que « la justice a des exigences » et qu’il faut « combattre les crimes contre l’humanité ».

Selon lui, la justice haïtienne doit épuiser toutes les voies possibles dans la recherche d’une réponse à la situation qui se présente devant elle, y compris un recours à la jurisprudence.

Il y a aussi « un travail de mémoire » à faire et Haiti devrait prendre en exemple des pays africains, insiste Michel Forst, qui réitère la volonté de l’ONU à apporter son appui au pays caribéen dans le traitement de l’affaire.

D’autre part, l’Expert indépendant de l’ONU émet le vœu que le prochain gouvernement qui sortira des urnes le 20 mars prochain se penche sur les problèmes de droits humains qui affectent le pays et l’invite à renforcer les structures judiciaires.

Le juriste appelle les candidats à la présidence Mirlande Manigat et Michel Martelly, admis au second tour, à se prononcer sur la « nomination du président de la Cour de Cassation (Cour suprême) ».

« La nomination du président de la Cour de Cassation est la clé de la réforme du système judiciaire haïtien », souligne-t-il, et cette disposition est, selon lui, « nécessaire pour mettre fin à l’impunité ».

Aucun président de la Cour de Cassation n’a été nommé par le président sortant René Préval, en dépit de sa promesse, au début de son mandat, de renforcer les structures d’État.

Le président de la Cour de Cassation est, entre autre, l’autorité prévue par la Constitution pour remplacer le chef de l’Etat en cas de vacance présidentielle.

Durant sa visite, Michel Forst a examiné la situation des prisons, qui demeure, selon lui, préoccupante.

En ce qui concerne la reconstruction du pays gravement affecté par le tremblement de terre du 12 janvier 2010, Forst préconise une vision fondée sur l’établissement d’une « société juste et solidaire, » où les besoins fondamentaux sont satisfaits.

L’Expert indépendant est arrivé le 20 février en Haïti où il séjourne jusqu’au dimanche 27 février dans le cadre de sa troisième mission dans le pays. [rh gp apr 24/02/2011 19 :00]