P-au-P, 17 févr. 2011 [AlterPresse] --- Les organismes de promotion de droits humains en Haïti déplorent le mépris, affiché par les autorités politiques et électorales, sur les critiques, voire les mises en question de plusieurs secteurs autour du processus devant conduire à un second tour de scrutin présidentiel et législatif à la date du 20 mars 2011.
« Le fait que les autorités politiques ont ignoré la position de celles et de ceux qui demandent l’annulation des élections pourrait jeter beaucoup plus d’huile sur le feu », craint Antonal Mortimé, coordonnateur de la plateforme des organisations haïtiennes de droits Humains (Pohdh), dans un entretien accordé à AlterPresse.
« Les autorités devaient s’asseoir avec eux », souhaite Mortimé
Aux yeux de la Pohdh, le processus électoral en cours se déroule dans un cadre illégal et d’irrespect de la loi électorale et de la Constitution du 29 mars 1987.
« Des corrections doivent être apportées dans la machine électorale pour la tenue d’un bon second tour », estime, pour sa part, Pierre Espérance, du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), une des organisations membres de la Pohdh.
« Aucun haïtien honnête ne serait satisfait des conditions d’organisation du premier tour des élections » le 28 novembre 2010, signale Espérance.
Une partie de l’opposition, au régime du président René Garcia Préval, encore au pouvoir malgré la fin de son mandat constitutionnel le 7 février 2011, continue de demander l’annulation du scrutin du 28 novembre 2010, entaché de fraudes et d’irrégularités massives.
2 des 12 postulants à la présidence, qui considèrent qu’il n’y a pas eu de vote le 28 novembre, ont entamé, la semaine dernière, une action en justice auprès du parquet du tribunal civil de Port-au-Prince pour exiger la communication du document de résultats définitifs, lu le jeudi 3 février 2011, sans aucune précision sur les scores obtenus par les candidats, par le porte-parole du Conseil électoral provisoire (Cep), Richardson Dumel.
Rien ne filtre sur l’évolution du dossier de recours par les 2 candidats, Jean Henry Céant de “renmen Ayiri” (Aimer Haïti) et de Yves Cristallin de “lavni” (L’avenir) après réception le 14 février 2011, du document de “résultats définitifs” du premier tour du 28 novembre.
Dans leur requête, Céant et Cristallin ont fait état de l’absence d’affichage des décisions prises par le bureau de contentieux électoral national (Bcen), contrairement aux prescriptions de la loi électorale régissant le processus en cours.
Des interrogations se posent sur les sentiments des électrices et électeurs, pour la plupart frustrés de la tournure prise avec l’ingérence évidente de la communauté internationale, dont les Nations Unies et l’organisation des États américains (Oea) – cette dernière sur demande du président René Garcia Préval pour un recompte des procès-verbaux uniquement de la présidentielle.
Gaillot Dorsainvil, président du Cep, dont seulement 4 membres sur 9 ont signé le document de “résultats définitifs” du 28 novembre 2010, annonce que l’organisme électoral épluche le dossier des scores obtenus par les différents candidats à la présidentielle et aux législatives, lesquelles “statistiques” seront publiées “en temps opportun”.
Alors qu’un second tour de scrutin est prévu pour le 20 mars 2011, l’opinion publique n’est pas, jusqu’à la date du 17 février 2011, informée du taux de participation d’électrices et d’électeurs, enregistré au vote controversé du dimanche 28 novembre 2010.
L’absence de publication officielle de ces statistiques de suffrage universel ne permet point de mesurer les forces et faiblesses des compétitrices et compétiteurs, ni de jauger le degré d’abstention au premier et au second tour de scrutin, en principe organisé au profit de l’intérêt collectif et de l’expression populaire nationale. [rh rc apr 17/02/2011 15:25]