D’ici à 2015, la scolarisation gratuite durant les 6 premières années de l’enseignement fondamental doit être un engagement assumé par l’Etat pour éliminer la préoccupation (de paiement mensuel de frais scolaires) des parents pour la formation des enfants sur tout le territoire national. En l’année 2021, il faudrait parvenir à une éducation gratuite pour les 9 années d’enseignement fondamental en Haïti…
Tabarre (Haïti), 12 fév. 2011 [AlterPresse] --- L’éducation peut être un moteur pour la décentralisation, considère Jacky Lumarque, recteur de l’Université (privée) Quisqueya, qui intervenait, ce samedi 12 février 2011, à l’atelier « conditions des transferts de compétences (quand peut-on parler de transfert effectivement) » durant le forum national sur la décentralisation,
« L’éducation est la plus grande industrie du pays », c’est « un moteur économique… Il n’y a qu’à observer ce qui se passe durant les vacances scolaires : le pays est comme endormi », explique t-il, arguant que ce secteur peut initier la décentralisation.
Pour cela, le recteur de l’Université (privée) Quisqueya propose de créer une « commission municipale de l’éducation » présidée par le conseil municipal et ayant la charge de préparer les rentrées scolaires. Cette commission aurait également à participer dans l’établissement des cartes scolaires décrivant la répartition des services scolaires au sein de la municipalité.
L’intervention de Lumarque était basée sur le rapport d’une recherche, menée durant trois ans par des professionnels haïtiens dans le domaine de l’éducation.
Le rapport en question suggère un « pacte national pour l’éducation » qui permettrait d’aboutir, entre autres, à la scolarisation gratuite, d’ici 2015, de tous les enfants haïtiens durant leurs 6 premières années dans le cycle fondamental.
Pour Lumarque, cet engagement national sans précédent demeure possible « au delà des positions idéologiques ». Il reconnait, toutefois, qu’il faudra mettre des moyens financiers et humains conséquents à la disposition des municipalités.
Depuis les Constitutions adoptées durant la présidence d’Alexandre Pétion (1806 – 1818) et de Michel Domingue (1874 – 1876), décrétant l’éducation gratuite et obligatoire pour les enfants, aucune autre Loi-mère n’a donné un cadre légal aussi puissant à l’éducation, rappelle Lumarque.
Les participantes et participants au forum des 11-12 février, représentants locaux pour la plupart, insistent sur la nécessité, pour l’Etat, de prendre les mesures adéquates dans le domaine afin d’éliminer le principe d’une école à deux vitesses.
« La qualité de l’éducation est l’une des sources de l’exode rural, parce qu’il n’y a pas d’écoles de qualité dans les sections rurales, le débat aujourd’hui doit être centré sur le besoin d’avoir une école unique dans le pays », indique un participant, appelant l’Etat à faire en sorte que « les gens aient confiance dans les écoles qui se trouvent dans leur communautés ».
Le problème est fondamentalement économique, signale une participante au forum.
D’une part, il y a les écoles congréganistes, coûteuses, mais qui forment l’élite intellectuelle. D’autre part, il y a les écoles publiques, où les enfants reçoivent une éducation au rabais.
« Les enfants se rendent à l’école, mais c’est comme s’ils passaient la journée à ne rien faire », déplore t-elle.
80% des enseignants haïtiens n’auraient pas la formation requise, indique Jacky Lumarque.
Sur 570 sections communales, 143 n’ont aucune école publique et 25 n’ont pas le moindre établissement scolaire.
800 enfants naissent chaque jour en Haïti, suivant les statistiques citées par le recteur de l’université (privée) Quisqueya.
Sur ce chiffre, 574 enfants ont la chance de fréquenter une école primaire, 27 passeront leur baccalauréat et seulement 7 obtiendront une licence universitaire. Pire, sur ces 7 licenciés, entre 5 et 6 vont s’installer à l’étranger.
« Cela ne peut plus continuer, parce que cela fait un bon bout de temps qu’on s’amuse » avec le peuple haïtien, martèle Jacky Lumarque. [kft rc apr 12/02/2011 12 :41]
N.B. La couverture du forum national sur la décentralisation est un partenariat entre l’agence en ligne AlterPresse et le centre de ressources et d’informations (Cri), une unité au sein du cadre de liaison inter Ong (Clio).