Par Karenine Francesca Théosmy
Tabarre (Haïti), 12 févr. 2011 [AlterPresse] --- Au cœur de l’atelier « gouvernance locale et transparence de l’administration publique », dans le cadre de la première journée du forum national sur la décentralisation, l’intercommunalité est vue comme un moyen pour les communes de trouver ensemble des solutions à leurs différents, problèmes tout en respectant le cadre légal qui régit leur fonctionnement.
Présentant une expérience d’intercommunalité dans son pays et affirmant être prêt à soutenir l’expérience de la Vallée des Palmes (Petit-Goâve, Grand-Goâve, Léogane et Gressier, 4 communes du département géographique de l’Ouest), Raymond St Louis Augustin, représentant de la municipalité de Fort de France (Martinique), suggère aux Haïtiens de s’inspirer des expériences étrangères pour aller de l’avant, non pas de les copier.
Cette forme de solidarité communale fait l’objet, néanmoins, de questionnements.
Dans certains cas, des réactions négatives sont enregistrées, par rapport à l’intercommunalité, parmi la population. Une partie de la population de Lascahobas (département géographique du Plateau central), par exemple, n’avait pas apprécié l’apport de la municipalité de Mirebalais qui avait envoyé un véhicule de voirie aller aider au ramassage d’immondices dans cette ville. Certaines couches de population perçoivent la commune - qui manifeste son appui à une autre dans un domaine quelconque - comme répercutant la vision privilégiée par le pouvoir central dans l’octroi d’un certain nombre de moyens.
D’un autre côté, le ministère de la planification et de la coopération externe (Mpce) préconise une approche « arrondissement » dans le cadre du développement local.
« Le territoire des arrondissements, qui correspond souvent à des bassins versants ou des sous-bassins versants, présente ainsi une certaine unité géographique… », indique Marie Frantz Joachim, coordonnatrice de la composante « appui institutionnel » au programme de développement local en Haïti (Pdlh) dans le cadre de la coopération canadienne.
L’arrondissement constituerait aussi « un espace pertinent pour l’élaboration de stratégies d’emplois et de développement économique interne ».
Avec l’appui du Pdlh, le Mpce est en train d’expérimenter un cadre méthodologique-type pour élaborer un plan communal de développement.
Ce cadre méthodologique-type oriente et guide les différentes actrices et les différents acteurs, tout en érigeant la municipalité comme l’instance-leader du développement de la commune.
Cet outil redonnerait, non seulement toute son autorité à la municipalité, mais fait également du conseil communal « le maître d’ouvrage du plan de sa commune ».
« Par sa manière de déterminer le rôle et la place de chacune des actrices et de chacun des acteurs de développement, ainsi que de fixer les responsabilités conformément à leurs compétences, cet instrument propose une rupture avec un ensemble de pratiques considérées comme des accrocs à la gouvernance locale ».
Comment assurer le suivi de cette initiative, alors que le gouvernement actuel du président René Garcia Préval et du premier ministre Joseph Jean Max Bellerive est en fin de mandat ?
Y a-t-il une possibilité d’intégrer l’intercommunalité à l’approche de l’arrondissement ?
A quand un plan de décentralisation, dont les étapes seront bien définies dans le temps ?
Les débats ont ouvert la voie à de multiples questions, mais peu de propositions ont émané du public.
En mettant les villes de provinces à l’avant-scène, le séisme du 12 janvier 2010 a fait de la décentralisation davantage une urgence qu’un sujet de débat.
600 000 personnes avaient gagné les villes de province au lendemain du séisme, instaurant une pression sur des espaces déjà fragilisés. [kft rc apr 12 /02/2011 0:30]
N.B. La couverture du forum national sur la décentralisation est un partenariat entre l’agence en ligne AlterPresse et le centre de ressources et d’informations (Cri), une unité au sein du cadre de liaison inter Ong (Clio).