Par Wooldy Edson Louidor
P-au-P., 4 fév. 2011 [AlterPresse] --- L’actuelle crise politique post-électorale tend à faire oublier de plus en plus les multiples problèmes urgents auxquels le pays fait face actuellement, dont la relocalisation de plus de 800 mille personnes déplacées vivant dans les camps et la protection des droits humains et de la dignité des migrants haïtiens en République Dominicaine et aux États-Unis d’Amérique.
Alors qu’un nombre croissant de déplacés internes sont confrontés à des menaces d’expulsion, des migrants haïtiens font l’objet de persécutions et rapatriements massifs en République Dominicaine et l’administration américaine a annoncé la reprise prochaine de déportations des ressortissants haïtiens.
Des menaces d’expulsions
« 810.000 personnes vivent sur 1.150 sites (de camps précaires) à Port-au-Prince et en province », selon les chiffres publiés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (Oim).
Si bien que le nombre de personnes déplacées dans les camps a diminué, plus d’un an après le tremblement de terre, de 1.5 million en janvier 2010 à 810.000 aujourd’hui, de plus en plus de déplacés sont forcés à abandonner les terrains où ils se sont installés peu après le 12 janvier 2010.
Des propriétaires de ces terrains ont menacé (et commencent déjà à) d’expulser de force des familles de déplacés dans environ 50 camps à Port-au-Prince, selon des informations recueillies auprès des comités de coordination de quelques camps.
La grande majorité des déplacés refusent de quitter les camps, parce qu’ils n’ont aucun endroit où aller. Ils sont de plus en plus abandonnés à leur sort par le gouvernement haïtien qui se dédouane de sa responsabilité de les relocaliser, en laissant la tâche aux Organisations non gouvernementales (Ong).
Le plan de relocalisation, annoncé par le gouvernement haïtien, semble rester sans suite.
Pour leur part, les organisations internationales et non gouvernementales se montrent de plus en plus réticentes à assumer la lourde tâche de reloger près d’un million de déplacés. Certaines d’entre elles commencent déjà à se retirer de quelques camps, voire du pays, selon les témoignages des déplacés.
Des déportations massives
D’autre part, les autorités dominicaines ont procédé à des déportations massives de migrants haïtiens, sous couvert de mesures de prévention du choléra.
Plus de 3 mille ressortissants haïtiens ont été expulsés de la République Dominicaine en moins d’un mois (janvier), selon des sources officielles dominicaines citées par le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Étranger, dans un communiqué de presse publié récemment.
Le communiqué a également souligné « les témoignages de plusieurs des citoyens reconduits, faisant état de brutalités, de persécutions humiliantes sur la voie publique, de séparation de familles, de pertes de biens et de marchandises ».
« Une situation qui affecte la tranquillité d’esprit des résidents réguliers et des dominicains d’origine haïtienne, membres d’une laborieuse communauté, dont des investisseurs, des étudiants universitaires et des cadres professionnels », poursuit le document.
« Ces actions ne sont pas effectives pour éviter la propagation de l’épidémie (en République Dominicaine), mais sapent plutôt l’État de Droit, donnent lieu à la violation des droits humains des migrants, promeuvent le racisme et génèrent des pertes économiques pour les transporteurs, les usagers du transport public et la production nationale en général », a dénoncé le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SJRM) de la République Dominicaine.
Annonce par les États-Unis d’Amérique de la reprise des déportations de ressortissants haïtiens
D’autre part, les États-Unis d’Amérique, à travers le Department of Homeland Security (DHS), ont annoncé le 20 janvier dernier leur décision de reprendre les opérations de déportation de migrants haïtiens, qui étaient suspendues depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Quelles sont les raisons qui ont poussé le DHS à adopter la décision de reprendre les déportations des haïtiens ? Qu’est-ce qui justifie cette nouvelle politique ? Quelles sont les mesures qui sont prises en Haïti pour l’accueil et la réintégration des personnes déportées ? Quels sont les accords qui sont pris par les deux gouvernements, haïtien et américain, concernant le traitement à donner aux déportés (surtout les anciens criminels) ? Autant de questions que l’administration américaine est invitée à clarifier, avant de procéder à la reprise des déportations. [wel gp apr 04/02/2011 14 :00]