P-au-P, 01 fév. 2011 [AlterPresse] --- Le système judiciaire haïtien est en mesure de mener une action contre le dictateur Jean-Claude Duvalier, mais un appui technique de l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas à écarter, selon le secrétaire exécutif de la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains(POHDH), Antonal Mortimé.
« La Constitution de 1987 parle du principe de séparation des trois pouvoirs et donne toute son autonomie au pouvoir judiciaire. Je crois que si des dispositions sont prises en ce sens, il est possible de réaliser un bon procès contre Jean Claude Duvalier », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse lundi.
Antonal Mortimé se dit « confiant » dans la volonté des autorités judiciaires haïtiennes, et juge en même temps qu’un appui technique des Nations Unies serait « un devoir moral » et « un signe pour l’humanité qu’Haïti est sur la voie de la démocratie et de l’Etat de droit ».
La capacité de l’Etat haïtien à juger Jean Claude Duvalier suscite de multiples craintes en raison surtout des faiblesses de l’appareil judiciaire. De plus, durant les 25 ans de son exil, Duvalier a démontré une aptitude prodigieuse à filer entre les doigts de la justice.
Un récent article de l’Agence France Presse (AFP) affirme qu’en 1999, 4 plaintes avaient été déposées contre Duvalier en France pour crime contre l’humanité sans aucun succès.
« La procédure n’avait pas abouti, mais elle avait toutefois conduit ‘Bébé doc’… à se faire oublier, au point d’être officiellement ‘porté disparu’ par le gouvernement français », rapporte l’article selon lequel Jean Claude Duvalier avait bénéficié d’une protection politique.
Depuis son retour en Haïti, une dizaine de plaintes ont été déposées contre le dictateur qui est à nouveau accusé, entre autres, de crime contre l’humanité. Jean Claude Duvalier n’est pas libre de ses mouvements et doit demeurer dans le pays au moins durant les trois prochains mois, selon les autorités.
La POHDH qualifie l’ancien président « à vie » de « violateur des droits humains », précisant qu’il a dérogé à plusieurs articles de la Déclaration Universelle des Droits Humains et du Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques.
La POHDH dit saluer les poursuites qui ont été engagées tout en encourageant les victimes à continuer porter plaintes. [kft gp apr 01/02/2011 12:00]