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Haïti-USA-Politique : Washington aurait utilisé la MINUSTAH pour maintenir Aristide en Afrique du Sud, selon WikiLeaks

P-au-P, 26 janv. 2011 [AlterPresse] --- Les Etats-Unis se sont empressés d’enrôler la Mission des Nations Unis pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH ) afin de maintenir Jean Bertrand Aristide hors du pays, révèlent des câbles diplomatiques américains dévoilés par WikilLeaks.

Washington craignait que le retour de Jean Bertrand Aristide ne vienne ajouter de l’huile sur le feu, selon ces câbles.

Les documents ont été relayés cette semaine par le journal britannique The Guardian alors que l’ex-président réitère son besoin de revenir sur sa terre natale et que ses partisans ne cessent de réclamer sa présence en Haiti.

Le 8 juin 2005, une rencontre a eu lieu sur le sujet au Brésil entre l’ambassadeur américain, John Danilovich, le conseiller politique de l’ambassade, qui joue le rôle de chef de la CIA sur place, et le ministre brésilien des affaires étrangères de l’époque, Marco Aurelio Garcia, signale le journal.

« L’ambassadeur et le conseiller politique ont continué d’insister sur le fait que tous les efforts doivent être déployés pour empêcher le retour d’Aristide en Haïti ou l’influence de ce dernier sur le processus politique… », rapporte un des câbles. Il note que le gouvernement américain « est de plus en plus attentif à une détérioration majeure de la sécurité ».

Lors de cette rencontre, les américains ont évoqué l’appel de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice à « renforcer l’action de la MINUSTAH ». Celle-ci avait aussi souligné que « les Etats-Unis pourraient être amenés à envoyer des troupes (en Haiti) à un certain moment ».

Une autre rencontre a été tenue entre les responsables américains et brésiliens au mois de juin et les câbles révèlent que les Etats-Unis souhaitaient que la MINUSTAH et plus précisément son haut commandement brésilien durcissent le ton.

Tout de suite après, le 5 juillet, les casques bleus ont mené une opération sanglante à Cité Soleil, bastion de nombre de sympathisants de l’ex-président.

Cependant, selon les câbles diplomatiques, les brésiliens avaient une autre opinion sur la manière de gérer l’absence d’Aristide bien qu’ils s’entendaient avec Washington sur le fait que l’ancien prêtre devait rester en Afrique du Sud.

Refusant de céder aux pressions du gouvernement américain en vue de mener un autre raid sur le bidonville, le général Augusto Heleno Ribeiro, chef de la mission, a été vite remplacé par le général Urano Texeira da Matta Bacellar. En janvier 2006, le général Bacellar a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel avec une balle à la tête, après avoir opposé lui aussi une résistance farouche à l’idée d’attaquer à nouveau Cité Soleil.

A l’époque les autorités brésiliennes avaient avancé la thèse de l’accident avant de conclure par un suicide. Cependant selon un autre câble dévoilé par WikiLeaks, l’affaire avait intrigué le président dominicain Leonel Fernandez, qui s’était montré sceptique.

Selon Fernandez, le crime aurait été commis par « un petit groupe préparé pour créer le chaos en Haïti ». Le président dominicain aurait cité le nom d’un ancien commandant de la « rébellion anti-Aristide » en 2004, qui travaillerait pour les Américains.

Fernandez n’a pas non plus écarté que le gouvernement brésilien trouvait son compte en gardant secret les circonstances de la mort du général. Selon lui, l’ex président brésilien, Lula Da Silva, misait sur la mission onusienne en Haïti pour gagner un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

De même, selon les propos attribués à Fernandez dans les câbles, les dirigeants brésiliens craignaient de voir cette affaire inciter la population brésilienne à demander le retrait des troupes d’Haiti. [kft gp apr 27/01/2011 12:00]

Voir l’album Facebook/AlterPresse sur un sit-in de partisans d’Aristide devant l’ambassade américaine a Port-au-Prince pour demander aux États-Unis de faciliter le retour de leur leader