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Haïti-Duvalier : Pas de réconciliation sans justice

Actualisation : 22:00

P-au-P., 24 janv. 2011 [AlterPresse] --- Des personnalités des secteurs politiques et sociaux minimisent l’appel à la réconciliation de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier et plaident en faveur de la justice pour les victimes du régime.

« La réconciliation s’accompagne de justice », déclare le responsable politique d’opposition Evans Paul, ancien prisonnier politique de Duvalier.

Pour lui, il ne s’agit pas d’infliger une « punition » au régime des Duvalier, responsable de milliers de crimes, mais de « faire justice ».

Il estime que sans un processus judiciaire, il ne sera pas possible de clarifier la situation à propos de la répression mise en œuvre durant le régime de Duvalier, entre 1971 et 1986.

Jean Claude Duvalier a remplacé son père, qui, lui, est arrivé au pouvoir en 1957. Une révolte populaire a abouti à la chute de la dynastie, le 7 février 1986.

Cinq jours après son retour en Haïti, Duvalier a appelé à la « réconciliation », a exprimé sa « tristesse » pour ceux qui « se reconnaissent » comme victimes de son régime et a présenté ses sympathies à ses partisans pourchassés après son départ.

Selon Evans Paul, Duvalier ne projette pas l’image de la réconciliation, puisqu’il ne reconnaît pas les crimes de son gouvernement et ne s’est pas excusé.

Le dirigeant politique déplore les représailles exercés en 1986 contre les partisans des Duvalier, mais, ajoute-t-il, ils étaient responsables de tant d’exactions. Il note aussi que certains sympathisants du régime n’ont pas été inquiétés.

Evans Paul ne fait pas confiance au processus judiciaire lancé contre Duvalier, qui ressemble, selon lui, à du théâtre. Il estime que l’appareil judicaire n’a pas la capacité de traiter ce cas.

Pour sa part, le coordonnateur de la Plate-forme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH), Antonal Mortimé, a appelé les Nations Unies et l’OEA à soutenir le système judiciaire haïtien pour pouvoir conduire l’affaire.

« Les Nations Unies et l’OEA devraient soutenir la justice », préconise-t-il.
Il convie les victimes du régime à continuer leurs démarches afin de déposer plaintes contre l’ancien dictateur.

Six plaintes ont été déposées en une semaine contre Duvalier.

« Aucune réconciliation ne peut être fondée sur l’impunité », martèle Mortimé. [gp apr 24/01/2011 16 :00]