P-au-P, 21 janv. 2011 [AlterPresse] --- Amnesty International applaudit l’enquête ouverte par la justice haïtienne sur les crimes contre l’humanité commis durant le régime de Jean Claude Duvalier.
Le chercheur d’Amesty International en Haiti, Geraldo Ducos, a fait part de la satisfaction de l’organisme, lors d’une conférence de presse ce 21 janvier à Port-au-Prince.
« Les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas susceptibles de s’éteindre après une période de temps. Donc Jean Claude Duvalier doit répondre de ses actes et omissions devant les tribunaux d’Haïti », a-t-il souligné.
Les crimes contre l’humanité représentent l’une des charges retenues contre le dictateur après que des plaintes aient été déposées en ce sens.
Suivant les prévisions de la loi haïtienne, l’enquête devrait durer trois mois, avec possibilité pour le juge d’instruction de demander une prolongation. Au cours de la période d’enquête, Jean Claude Duvalier devra demeurer à la disposition de la justice et donc rester dans le pays.
Geraldo Ducos a rencontré jeudi 20 janvier le Commissaire du gouvernement, Harycidas Auguste, et le ministre de la justice, Paul Denis.
Au cours de cette rencontre, l’association indique avoir remis à ces autorités une centaine de documents détaillant une douzaine de cas de détention arbitraire, de torture, de disparition forcée et d’exécution extrajudiciaire, entre 1976 et 1986.
La torture, l’exécution extrajudiciaire, la détention arbitraire, les disparitions forcées, les persécutions de groupes clairement identifiables tels les groupes politiques et les crimes à caractère sexuel, une fois perpétrée de manière généralisée ou systématique constituent des crimes contre l’humanité, selon Geraldo Ducos.
L’enjeu est maintenant de prouver que ces actes révélés par les différentes plaintes, étaient généralisés ou systématiques, souligne Ducos.
Le chercheur d’Amnesty International appelle toutes les victimes du régime à déposer plaintes même si elles se trouvent en dehors des frontières du pays. Il recommande ainsi que les ambassades et consulats haïtiens facilitent le processus et que le ministère haïtien des affaires étrangères assure la transmission des dossiers au juge d’instruction.
Geraldo Ducos a également signalé « les lacunes » du système judiciaire haïtien et a invité l’Etat à demander un appui technique aux Nations Unies afin de mener à bout l’investigation.
Enquêter sur ces crimes « est une obligation de l’Etat. L’impunité signifie le déni de justice pour les victimes et crée un climat où les individus peuvent continuer à commettre des violations sans crainte d’être arrêtés, poursuivis en justice et punis », souligne-t-il, ajoutant que « ce cycle peut s’arrêter avec de la volonté politique et une politique nationale qui protège les victimes ». [kft gp apr 21/01/2011 12 :00]