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Haiti : Des professeurs condamnent les « pratiques arbitraires d’intolérance » d’étudiants

Note de professeurs de la Faculté des sciences humaines (Fasch)

Document soumis à AlterPresse le 18 janvier 2011

HALTE ENFIN A LA DÉRIVE !

Le 12 janvier, une cérémonie commémorative du terrible séisme de l’année dernière fut bruyamment interrompue par un groupe d’étudiants en provenance de la Faculté des Sciences Humaines qui manifestaient leur mécontentement à l’endroit des autorités du Rectorat de l’UEH pour le silence de celles–ci au sujet de l’assassinat, en pleine rue, dans le périmètre de son centre de travail, du professeur Anil Louis-Juste.

En tant que professeurs de la FASCH et collègues du regretté Anil Louis-Juste, nous comprenons la douleur des étudiants pour la brutale disparition de celui qui fut pour eux un guide et un ami. Néanmoins, en notre qualité d’éducateurs et éducatrices participant au niveau de l’enseignement supérieur à la formation de la jeunesse de ce pays, nous condamnons résolument ces pratiques arbitraires d’intolérance sans limite et de total irrespect pour la personne humaine. De tels comportements ne peuvent se justifier ni par une prétendue lutte de classes, ni par un soi-disant radicalisme social, ni enfin par une quelconque opposition à un supposé groupement politique.

Nous sommes tout simplement en présence d’un cas flagrant de déni de la véritable solidarité humaine et tout spécialement de la réelle solidarité universitaire. En effet, l’attitude violente de ces étudiants en cette journée commémorative fait fi de l’obligatoire révérence que l’ensemble de la communauté nationale doit à la mémoire des 300.000 morts suite à l’hécatombe du 12 janvier 2010. La brutalité de leur comportement dénote à la limite un rejet à ce moment-là de toute sensibilité pour les 400 étudiants, professeurs, membres du personnel non-académique terrassés en l’espace de 35 secondes. Elle traduit enfin une entière absence de déférence à l’égard des assistants venus se recueillir sur un lieu consacré du souvenir pour s’être converti en cimetière pour un doyen, un vice-doyen, des étudiants, des professeurs et d’autres membres d’une collectivité facultaire !

Tout recours à des mobiles idéologiques pour justifier cette intervention intempestive n’est qu’imposture en ces moments qui précisément réclament de nous un esprit de dialogue sérieux, de générosité et solidarité sociales pour la construction d’une véritable université et d’un meilleur vivre ensemble entre Haïtiens.

Nous exhortons ces étudiants à un comportement plus serein, plus responsable, plus humain, dirions-nous. Puissent-ils prendre la détermination de dépasser une fois pour toutes leur esprit vindicatif qui n’a pour effet que de conduire à des actions improductives et de bloquer tout projet axé sur une stratégie claire et prometteuse !

Port-au-Prince, le 17 janvier 2011

Luc Smarth

Michel Hector

Ronald jean-Jacques

Claude Pierre

Jocelyne Pierre

Jean Casimir

Jacques Gourgue