Español English French Kwéyol

Haïti : Noël et nouvel an dans les camps de déplacés

Par Ralph Henry

P-au-P, 25 déc.2010 [AlterPresse] --- Les centaines de milliers de personnes déplacées qui vivent dans des abris de fortunes faits de morceaux de toile ou sous des tentes et des bâches déchirées depuis le séisme du 12 janvier 2010 voient avec désespoir les fêtes de fin d’année et de nouvel an.

« Je n’envisage pas la Noël, on ne voit pas comment on va passer la période des fêtes » déclare Marie Maude Pierre, qui doit s’occuper seule de ses 3 enfants depuis la disparition de leur père dans le tremblement de terre dévastateur qui a fait 300.000 morts et 1,5 millions de déplacés.

Comme Marie Maude Pierre, Gustave Germain vit sous une tente dans un camp de Pétionville (périphérie est) avec ses 7 enfants, et croit qu’il lui faudrait ne pas se retrouver dans ces abris pour parler de fête.

« Je ne peux rien planifier pour la fête puisque je n’ai pas d’argent », précise t-il. « J’aimerais ne plus me retrouver dans cet abri en 2011 », ajoute t-il.

« J’entends parler de Noel, mais je ne sais pas ce que c’est », lance Stevenson, 10 ans, qui dit souhaiter quitter le camp où il vit depuis le 12 janvier avec sa mère.

Alors que les autorités tardent à mettre en œuvre leur plan de relogement, ces sinistrés vivent dans des conditions très précaires et même infrahumaines dans les 1300 camps qui se sont été établis dans les zones affectées par le cataclysme.

Plus de 11 mois après, les sinistrés sont toujours à la merci des caprices du climat, de l’insécurité et des maladies, notamment le cholera. Dépendant de l’aide humanitaire durant les premiers mois, ils sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes.

Les déplacés interrogés déplorent le fait que personne ne soit venue leur faire des dons à l’occasion des fêtes.

« Je n’ai encore rien reçu » avance Guerdy Smith, qui confie son sentiment d’avoir été oublié.

« On n’a aucun espoir, on n’a personne » sur qui compter, explique Carline Blaise qui voudrait « sortir dans les rues pour aller vendre et pouvoir fêter les fêtes de fin d’année ». Mais elle n’a pas pu reprendre ses activités de vendeuses ambulantes depuis le 12 janvier.

Pour sa part Christia Estimable, une fille de 4 ans, souhaite recevoir au moins une poupée pour pouvoir fêter la noël. Elle ne sait pas de qui pourrait venir ce merveilleux cadeau.

« Mon père est à l’étranger, il n’a jamais pensé à prendre soin de moi » se plaint Ritchie Désir, un garçon de 11 ans.

Tout en lançant un cri pour un changement dans leurs conditions de vie en 2011, certains sinistrés craignent d’être emportés par le cholera avant la fin de cette année.

L’épidémie qui a déjà fait environ 2.600 morts à travers le pays soulève également des craintes du côté de l’Organisation Panaméricaine de la Santé, qui n’écarte plus la possibilité d’une campagne de vaccination contre la bactérie l’an prochain.

Cependant, le gouvernement, qui ne croit pas en l’efficacité d’une telle opération pourtant très couteuse, ne veut pas, pour le moment, envisager une telle perspective. [rh kft gp apr 25/12/2010 11:00]