Communiqué de Amnesty International, à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple haïtien, ce 15 janvier 2004
15 janvier 2004
De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) haïtiennes vont se
mobiliser aujourd’hui pour attirer l’attention sur le combat du peuple
haïtien en faveur du respect de ses droits humains fondamentaux. Ces
organisations vont aussi appeler la communauté internationale à respecter
ses engagements.
En solidarité avec les ONG haïtiennes, Amnesty International demande une
nouvelle fois qu’il soit mis fin à toutes les atteintes aux droits humains
en Haïti et exhorte la communauté internationale à aider les institutions
du pays à rétablir un climat favorable au respect des droits fondamentaux
de tous les Haïtiens.
" Les menaces qui pèsent sur les droits humains en Haïti, tant de la part
de la police, qui réprime brutalement des manifestations, que de la part
des militants politiques, qui emploient la violence contre ceux qu’ils
considèrent comme des opposants, sont les plus graves que nous ayons
constatées depuis le retour à la démocratie en 1994 ", a déclaré Amnesty
International.
" En outre, nous sommes extrêmement préoccupés par le risque de voir le
pays s’engager dans l’engrenage d’une violence politique de plus en plus
grave et généralisée, qui compromettrait encore davantage les droits
fondamentaux ", a souligné l’organisation.
De récents événements montrent qu’il est de plus en plus difficile pour
les principales institutions chargées de protéger les droits, à savoir les
autorités judiciaires et les forces de police, d’agir en toute
indépendance et avec impartialité. Dernièrement, Daméus Clamé Ocnam, jeune
magistrat du parquet qui travaillait pour les tribunaux de Port-au-Prince,
a annoncé depuis son lieu d’exil qu’il avait fui Haïti pour ne pas avoir à
décerner de mandats d’arrêt contre des dirigeants de l’opposition.
De même, alors que la mission de l’Organisation des Etats américains en
Haïti a félicité la Police nationale d’Haïti pour l’efficacité de son
travail de contrôle des foules pendant les manifestations du week-end
dernier, des informations sur des manifestations ultérieures indiquent que
la violence entre les militants de camps opposés continue de faire des
victimes parmi les citoyens ordinaires.
Parallèlement, la liberté d’expression reste menacée : mercredi, des
hommes armés ont attaqué un local abritant plusieurs émetteurs, situé à
l’extérieur de Port-au-Prince, interrompant la diffusion des programmes de
sept stations de radio privées, ainsi que de stations de radio et de
chaînes de télévision liées au gouvernement.
" En cette journée de solidarité internationale, Amnesty International
appelle tous les acteurs haïtiens et internationaux à accorder une
priorité absolue aux préoccupations relatives aux droits humains de tous
les Haïtiens, et à travailler ensemble pour trouver une solution à
l’impasse politique actuelle ", a conclu Amnesty International.