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Haiti-Cholera : Ouanaminthe très affectée

Correspondance - Sylvestre Fils Dorcilus

Alors que tous les yeux sont rivés sur les élections, l’urgence d’apporter les soins appropriés à des centaines de personnes, dont des enfants de moins de cinq ans, infectées par le vibrio cholerae (bactérie responsable du choléra), est de plus en plus pressante dans la commune de Ouanaminthe, Nord’Est (72 kms de la 2e ville du pays, Cap-Haïtien). Faute d’infrastructures et de structures sanitaires adéquates le nombre de victimes augmente rapidement.

Ouanaminthe, 20 déc. 2010 [AlterPresse] --- Sous les tentes installées dans la cour du Centre Médico-Social de Ouanaminthe, ils sont plusieurs centaines à recevoir, dans des conditions inquiétantes, des soins médicaux : sérum par voie oral ou par injection, ou les deux simultanément si le malade atteint le degré de déshydratation sévère, observe l’agence AlterPresse.

Les tentes sont bondées de patients qui se trouvent parfois à trois sur un même lit, alors qu’à proximité, d’autres malades, installés sous les arbres, reçoivent des soins assis ou allongés sur un banc.

« Situation oblige : ici, tous les moyens sont bons pour sauver des vies », murmure, tristement, un des proches d’une malade.

Un peu plus loin, d’autres personnes, allongées sur des bancs ou dans les bras d’un proche, s’impatientent de pouvoir trouver des soins. L’Unité de Traitement de Choléra (UTC), structure mise en place en la circonstance, semble ne pas disposer de moyens suffisants.

Marlène, la trentaine, vit dans un quartier populaire de Ouanaminthe où la bactérie se multiplie jour après jour. Elle était remise du cholera depuis à peine un jour, quand sa fillette de 7 ans a, à son tour, attrapé la maladie.

Observant tristement sa fillette portant un tube de sérum au bras droit, Marlène, comme d’autres parents de patient, lance un cri d’alarme aux autorités sanitaires et municipales pour qu’elles adoptent des mesures préventives d’urgence face à ce fléau, qui a déjà endeuillé plus d’une centaine de familles de la localité.

Se disant inquiet devant la propagation graduelle du nombre de cas, le directeur du Centre Médico-Social de Ouanaminthe, Dr Hervé Longchamp, a confié à Alterpresse que « les conditions sanitaires de certains quartiers favorisent effectivement la multiplication de la bactérie. »

Plus de la moitié des treize communes du Nord’Est, surtout les sections et les zones rurales, seraient touchées par le choléra. Les enfants en bas âge et les femmes représentent les couches les plus vulnérables, cconstate-t-on.
Depuis la découverte, le 13 novembre écoulé, à Ouanaminthe, du premier cas de choléra, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter progressivement, surtout durant la saison pluvieuse, a precisé Longchamps. « Nous recevons au centre plus de 80 cas par jour ».

Dr Longchamp a, toutefois, indiqué que le nombre de cas traités correspond à plus de la moitié des personne admises à l’UTC par jour.

Le maire titulaire de Ouanaminthe, Rony Pierre, a, pour sa part, dressé un tableau sombre de la situation sanitaire dans la commune. Il a, en outre, indiqué que la Mairie envisage d’adopter une série de mesures préventives, telle la distribution d’eau traitée dans plusieurs zones défavorisées afin d’aider les personnes les plus vulnérables à lutter contre la bactérie.

Rony Pierre a, par ailleurs, annoncé la création de deux nouveaux CTC, et, de concert avec les mairies de Ferrié et Fort-Liberté, la mise en place d’une fosse commune pour enterrer uniquement les victimes de choléra. [sfd kft gp apr 20/12/2010 16 :00]