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Journée internationale des migrants le 18 décembre

Graves incidences de la situation en Haïti sur ses migrants à l’extérieur

particulièrement en République Dominicaine

P-au-P, 18 déc. 2010 [AlterPresse] --- Les réalités dramatiques, notamment les turbulences politiques aynt découlé du scrutin controversé du dimanche 28 novembre ainsi que l’extension de la bactérie du choléra, auxquelles sont confrontés Haïtiennes et Haïtiens de l’intérieur, affectent gravement les compatriotes de l’extérieur, apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Se basant sur un ensemble de témoignages recueillis de la diaspora nationale, résidant en diverses régions du monde, la plateforme d’organisations de droits des migrantes et migrants, dénommée le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), entend tirer la sonnette d’alarme, à la veille de la journée internationale des migrants le 18 décembre, auprès d’actrices et d’acteurs politiques de l’intérieur pour qu’elles et qu’ils mettent une sourdine à leurs chamailleries et agissent dans l’intérêt du bien commun en contribuant au renforcement des institutions démocratiques.

De nombreux actes de discrimination et de persécution, notamment sur les compatriotes vivant en République Dominicaine : en plus de l’épidémie de choléra, déclarée le 19 octobre 2010 sur le territoire national, tel est l’impact majeur des derniers événements politiques (depuis plus de 15 jours) en Haïti, c’est-à-dire les turbulences nées du soupçon de détournement du vote populaire du 28 novembre au profit de la classe politique au pouvoir, avec la complicité de divers pans de la communauté internationale, signale la plateforme Garr dans une conférence de presse le 17 décembre, à la veille de la journée internationale des migrants (18 décembre).

Dans le cadre de dispositions, dites pour combattre la propagation du choléra, beaucoup de compatriotes assistent impunément à la violation de leurs droits : de circuler, d’exercer un emploi, de pratiquer le commerce, entre autres, en divers points du territoire voisin d’Haïti.

Certains établissements hôteliers menacent de révoquer des membres de leur personnel de nationalité haïtienne au cas où ils s’aviseraient de voyager pour aller visiter leurs familles en Haïti, dénonce la presse dominicaine.

Un syndicat de chauffeurs de transports publics en République Dominicaine déclare tout de go n’être plus disposé à emmener des passagers de nationalité haïtienne, qu’ils soient munis de leurs documents ou non.

Le 16 décembre 2010, trois ressortissantes dominicaines, qui protestaient contre des traitements discriminatoires à l’encontre de ressortissants d’Haïti en territoire voisin, ont été malmenés par des militaires dominicains, rapporte un canal de télévision dominicain dans son édition de nouvelles du soir.

Le 9 décembre, sous prétexte de lutter contre le choléra, plusieurs dizaines de commerçantes haïtiennes ont été violentées, avec leurs marchandises, par des militaires dominicains agissant de concert avec le ministère dominicain de santé publique, dans plusieurs marchés publics de la province d’Elias Pina.

“Nous sommes gagnés par la honte, dans les rues et sur les lieux de travail, quand il faut nous présenter comme Haïtiennes et Haïtiennes et lorsque nous sommes interrogés sur la persistance de tant de turbulences et de dissensions politiques en Haïti”.

La plateforme Garr fait état de la décision d’un nombre important de compatriotes de l’extérieur qui craignent de retourner vivre en Haïti, à cause de la situation politique prévalant dans le pays.

Pour cette période de fin d’année 2010, d’autres membres de la diaspora haïtienne, qui caressaient le projet de venir passer ici la période des fêtes avec les leurs, ont commencé par annuler leurs réservations sur plusieurs vols en direction d’Haïti.

Par ailleurs, au-delà des défis politiques de l’intérieur, les compatriotes haïtiens de l’extérieur essuyent d’autres difficultés là où ils résident.

Aux îles Turks & Caicos, ils sont l’objet d’abus, d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires, sans aucun pouvoir de recours auprès de représentants d’Haïti sur place qui ne leur offrent aucun service approprié, comme les informations sur les démarches administratives pour l’obtention d’un livret de passeport.

Celles et ceux, résidant en Guyane française, éprouvent de l’embarras pour avoir accès au permis de séjour ou pour procéder au regroupement familial (de parents restés en Haïti). Ces contraintes administratives ont poussé le Collectif Haïti de France (CHF, regroupement d’associations haïtiennes et françaises en France) à lancer un cri d’alarme auprès des autorités françaises et haïtiennes, les belles promesses (de faciliter la réunion des familles) faites par le gouvernement Nicolas Sarkozy / François Fillon (après le tremblement de terre du 12 janvier) n’ayant pas été respectées.

A l’occasion du vingtième anniversaire de l’adoption, par les Nations Unies, de la convention internationale sur la protection des droits de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs migrants et de leurs familles [1], la plateforme Garr rappelle l’impact du séisme du 12 janvier sur la diaspora haïtienne.

“Plusieurs d’entre eux, qui passaient leurs vacances au sein de leurs familles ici, ont péri avec leurs siens sous les décombres de maisons. D’autres ont vu disparaître parents et amis pendant le tremblement de terre, sans oublier les pertes économiques considérables avec la destruction de maisons construites avec les fonds récoltés de leurs travaux à l’extérieur”, souligne la plateforme Garr en saluant la mémoire de celles et ceux décédés lors du séisme.

Comme toujours, la diaspora haïtienne (aux États-Unis d’Amérique, au Canada, en République Dominicaine et ailleurs dans le monde), dont une grande partie ne dispose pas beaucoup de ressources économiques, continue d’assumer des responsabilités énormes : soutenir celles et ceux, sans papiers de résidence et qui n’ont pas encore bénéficié de statuts spéciaux, comme de protection temporaire (TPs aux États-Unis d’Amérique), après avoir accueilli beaucoup des leurs, blessés ou traumatisés dans le séisme du 12 janvier 2010. [rc apr 18’12’2010 0:00]


[1La convention internationale sur la protection des droits de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs migrants et de leurs familles n’est pas encore ratifiée, ni par la république d’Haïti ni par la République Dominicaine