Correspondance – Joseph Serisier
Cayes, 15 déc. 2010 [AlterPresse] --- La situation en rapport avec l’épidémie de cholera est « alarmante » dans le département du Sud où le bilan continue de s’alourdir, selon les autorités sanitaires locales.
Jusqu’au 12 décembre, 1011 cas de contamination ont été enregistrés dans ce département, selon les autorités. 61 personnes sont mortes dans les hôpitaux, alors que les autorités locales parlent de « dizaines de morts » en milieu rural, apprend AlterPresse auprès de la direction sanitaire du Sud.
Au sein de ces communautés, les personnes malades de cholera ne vont pas à l’hôpital et meurent dans leur domicile, souligne un responsable local.
Les communes les plus touchées par la maladie sont les Cayes et Aquin avec le plus grand nombre de cas, suivi de Port-a-piment, de Saint-Louis du Sud et des Anglais.
Le Sud a besoin de « plus de soutien » de la part du gouvernement et de la communauté internationale pour faire face à l’épidémie, déclare à AlterPresse le Directeur départemental de la Santé Publique, Dr Serge Louissaint.
Les récents troubles post-électoraux ont mis en évidence cette situation en paralysant le transport des malades vers les centres de traitement. Un Centre de Traitement de Cholera (CTC) prévu pour être mis en place dans la localité de Simon n’a d’ailleurs pas pu être opérationnel en raison des violents mouvements de protestation ayant suivi la publication des résultats des élections du 28 novembre par le Conseil Electoral Provisoire (CEP), relève-t-on.
Dans les quartiers marginalisés visités en périphérie de la ville des Cayes (La Savane, Derrière-Fort et Jonc-Grain) les conditions de vie des populations ne cessent de s’aggraver, les conditions d’hygiène laissent à désirer, ce qui est synonyme d’un accroissement de leur vulnérabilité vis-à-vis de l’épidémie.
En vue d’apporter une réponse rapide à la situation qui prévaut dans ce département, une rencontre de haut niveau a eu lieu au Centre d’Opération d’Urgence (COU) le 2 décembre dernier sous les auspices du Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti, Nigel Fisher, et de la Directrice Générale de la Protection Civile, Alta Jean Baptiste.
Fisher souligne à AlterPresse que la communauté internationale est aux cotés du gouvernement et du peuple haïtiens en vue de faire face à une éventuelle catastrophe.
Pour sa part, Jean Baptiste annonce des mesures d’urgence pour éviter une crise, notamment la création de sites de gestion de déchets contaminés. Dans les communes les autorités municipales seront chargées d’identifier des sites pour traiter et éliminer les déchets ou pour inhumer les cadavres de personnes qui ont succombé à la maladie.
Une cellule d’urgence est mise sur pied en vue d’élaborer un plan d’intervention rapide pour limiter les dégâts et protéger la population vulnérable.
L’épidémie s’était introduite dans la prison civile des Cayes le mois dernier ou 8 cas avaient été recensés. Ils ont cependant pu être tous traités.
L’un des responsables de la prison, ayant requis l’anonymat, avait alors fait savoir que les conditions d’hygiène précaires et inacceptables qui prévalent dans le plus grand centre carcéral de la région constituent une menace grave pour les détenus ainsi que pour les agents pénitenciers.
Cette prison civile héberge actuellement plus de 300 prisonniers dont la majorité d’entre eux sont en détention préventive prolongée. [js kft gp apr 15/12/2010 13 :00]