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Haïti-Élections : Réactions partagées à la proposition de recompte des voix pour seulement 3 candidats à la présidence

P-au-P, 09 déc. 2010 [AlterPresse] --- Des organisations nationales ainsi que des candidats ont une lecture différente de la proposition de formation d’une commission multisectorielle de recompte des voix exprimées pour 3 postulants à la présidentielle, faite par le Conseil électoral provisoire (Cep) dans le sens d’une sortie de crise devant l’ampleur de la mobilisation dans les rues depuis le 7 décembre.

Le Conseil national d’observation électorale (Cno), non encore contacté formellement par l’organisme électoral, prône “une analyse plus profonde de la situation post-électorale, dans le sens d’une évaluation générale de tout le processus”, dans des déclarations à l’agence en ligne AlterPresse.

“Nous accueillons favorablement la proposition du Cep, pour un recompte des voix, qui constitue un pas dans la bonne direction. Cependant, il ne faudrait pas limiter ce mécanisme à seulement 3 des candidats les mieux placés dans la présidentielle”, souhaite Laguerre.

“Nous sommes pour un nouveau décompte des votes et des procès-verbaux”, affirme Laguerre.

Le conseil national d’observation électorale a seulement produit une estimation des tendances, en signalant, le 6 décembre 2010, que la candidate à la présidence, Myrlande Hyppolite Manigat du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) serait créditée d’environ 30 % des voix, suivie de 25 % pour Joseph Michel Martelly de “Repons peyizan”, 20% pour Jude Célestin de la plateforme présidentielle “Inite” (Unité) et de 12 à 15 % pour le postulant Jean Henry Céant de “Renmen Ayiti”, tient à préciser Noël Laguerre.

Pour sa part, le réseau national de défense de droits humains (Rnddh) rejette la proposition du Cep pour la formation d’une commission multipartite de vérification des procès-verbaux en faveur de seulement 3 candidats à la présidence.

“Nous ne prendrons pas part à un processus de vérification, pour lequel nous n’avons aucune maîtrise”, relève Pierre Espérance, directeur exécutif du Rnddh, dans un entretien à AlterPresse.

A l’appui de son argumentation, le Rnddh fait état de la réalité de “remplissage massif d’urnes” bien avant l’acheminement de procès-verbaux au centre de tabulation des données.

“Il y avait possibilité de manipulation des votes, avant même l’arrivée à l’étape de tabulation et également au niveau même de la tabulation des résultats”, relève Espérance.

“Nous n’avons aucun moyen de nous rendre compte de ce qui s’est passé exactement. La solution proposée est une démagogie. Ce n’est pas une solution”, ajoute le Rnddh évoquant le refus du Cep, tout au long du processus, de faciliter l’accès d’organismes de droits humains à toutes les étapes du processus de tabulation.

Devant ce constat, le Rnddh préconise de suspendre la publication des résultats, de réorganiser le vote partout où des irrégularités ont été enregistrées et ainsi de produire les résultats partiels avant de penser à un deuxième tour de scrutin.

“Sans quoi, toutes les propositions faites sont biaisées”, avance le Rnddh.

Pendant que la plateforme présidentielle de Jude Célestin et la structure de communication de la candidate Myrlande Manigat accueillent favorablement la proposition de formation d’une commission de vérification des procès-verbaux, l’ex-Premier ministre Jacques Edouard Alexis – postulant à la présidence sous la bannière du parti Mobilisation pour le progrès d’Haïti / Mph – considère que la démarche du Cep prouve son “incompétence” et son irresponsabilité, dans des déclarations sur la station privée Radio Kiskeya.

Alexis fait partie du groupe de 12 candidats à la présidence qui, depuis le jour même du vote du 28 novembre, continuent de se prononcer pur l’annulation du scrutin. [gp rc apr 09/12/2010 15:00]