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Haïti : grève générale de 48 heures partiellement observée

P-au-P., 9 janv. 04 [AlterPresse] --- Au deuxième jour de la grève de 48 heures, lancée par la plate-forme démocratique, large coalition socio-politique d’opposition, les activités sont partiellement paralysées à Port-au-Prince, où la situation demeure calme, a constaté AlterPresse.

Comme le 8 janvier, un ralentissement des activités est observé. Les banques privées, le grand commerce, les écoles ferment leurs portes, tandis que le petit commerce et le commerce informel fonctionnent au ralenti, de même que les marchés publics.

Les pompes à essence ont en général cessé toutes activités et le transport en commun est affecté. Le nombre de passagers a sensiblement diminué au niveau de divers circuits de transport public.

L’administration publique et para-publique fonctionne presque comme à l’ordinaire.

Dans un communiqué lu hier soir à la radio, la dirigeante politique Claire Lydie Parent, ancienne maire de Pétion-Ville (périphérie est de la capital), s’exprimant au nom de la plate-forme socio-politique d’opposition, a félicité la population pour avoir, a-t-elle dit, respecté le mot d’ordre de grève.

En même temps, Claire Lydie Parent a fait savoir que la plate-forme « comprend la situation » des gens de conditions humbles qui n’ont pas pu cesser leurs activités leurs activités au cours de ces journées de grève, à cause de leur situation précaire.

De son coté le secrétaire d’Etat à la communication, Mario Dupuy, a estimé que « la population a mené ses activités normalement ». Il a qualifié la grève d’ « action insurrectionnelle » qui « n’apportera aucun résultat ».

La grève de 48 heures a partiellement ou complètement paralysé les activités dans plusieurs villes du pays. Aux Gonaives (centre-ouest) la grève a été accompagnée de manifestations anti-gouvernementales.

Les mouvements de protestation contre le gouvernement se produisent à un moment où des voix s’élèvent de plus en plus au niveau de la communauté internationale pour appeler à une solution négociée dans la crise haïtienne.

Apres la France, les Etats-Unis ont exprimé de sérieuses préoccupations sur la situation en Haiti. Lors d’une conférence de presse à Washington ce 8 janvier, le Secrétaire d’Etat américain Colin Powell a appelé les acteurs politiques haïtiens à adopter une proposition de sortie de crise faite par l’Eglise catholique le 21 novembre 2003.

Cette proposition invitait à la mise en oeuvre de réformes au sein du gouvernement et de la police ainsi qu’a la création d’un conseil de sages pour assister le président, à la fin du mandat des parlementaires en poste jusqu’au 12 janvier.

Victor Benoit de la coalition d’opposition Convergence Démocratique a déclaré à Radio Métropole qu’il n’était pas « surpris » de la position exprimée par les Etats-Unis. Il a invité le gouvernement américain à « réviser » sa stratégie.

Contacté par AlterPresse, Gérard Pierre Charles, autre dirigeant de l’opposition, a estimé qu’ « Aristide ne fait montre d’aucune volonté de négocier et la négociation ne correspond pas à ce que la population attend ».

Le gouvernement haïtien s’est pour sa part réjoui des propos tenus par Colin Powell. Mario Dupuy a invité l’opposition « à comprendre » que la négociation est « la voie de la raison ».

Le 2 janvier écoulé, la plate-forme socio-politique de l’opposition a publiquement annoncé une « alternative de transition » au régime lavalas. Il a opté pour le choix, parmi les juges de la cour de cassation, d’un « président de transition » en remplacement d’Aristide après son éventuelle démission. [gp apr 09/01/2004 14:15]