P-au-P, 28 nov.2010 [AlterPresse] --- Des organisations de la société civile appellent les électeurs sinistrés à remplir leur devoir civique ce 28 novembre 2010, les élections étant un moyen de parvenir au changement social. De nombreux citoyens, découragés de ne pas voir leurs conditions de vie s’améliorer, disent cependant ne pas être prêt à se rendre aux urnes.
Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) est préoccupé, entre autre, par le retard relatif aux accréditations des observateurs par le Conseil électoral provisoire (CEP).
Selon Vilès Alizer, responsable des programmes au RNDDH, interrogé par l’agence en ligne AlterPresse, « c’est une tendance [qui vise à] minimiser, à museler l’observation électorale ».
En dépit de ces préoccupations, le réseau invite la population, particulièrement celle sous les tentes, à se rendre aux urnes « pour un changement de leur situation, en faisant un choix rationnel ». Le RNDDH précise que les élections ne sont pas une fin en soi, mais un moyen pour aboutir au changement social.
Parmi la population sinistrée, les avis sont mitigés. « Les élections n’apporteront aucun changement dans nos conditions de vie et nous ne sommes pas prêts à aller voter », témoignent des sinistrés d’un des camps de Pétionville (est de Port-au-Prince) interrogés par AlterPresse.
« Nous ne sommes pas prêts à aller voter à cause de notre mauvaise condition de vie sous les tentes et les bâches », témoigne Altagrace, une déplacée qui croit que les responsables devraient se préoccuper de leur mauvaise situation bien avant de penser aux élections.
« La faim, la maladie, la poussière, le choléra, avec quelle force allons-nous nous rendre aux élections ? », interroge-t-elle, reprochant également à l’actuel président de n’avoir pas travaillé au changement de leur condition de vie.
« Le président nous a demandé de le regarder dans les yeux depuis 5 ans … on l’a regardé jusqu’à en devenir aveugle », ironise-t-elle.
Marc, un jeune sinistré, se dit n’être pas prêt psychologiquement pour se rendre aux urnes le 28 novembre. « Je ne peux pas être sous des tentes et décider d’aller voter », témoigne-t-il.
D’autres, qui reprochent aux candidats de ne jamais les visiter pour recueillir leurs doléances et pensent qu’ils ne sont que des « bluffeurs », iront quand même voter, qui « pour le changement », qui « pour le départ de la Minustah ».
D’autres encore aimeraient voter mais affirment ne pas détenir de cartes identification nationale (CIN), qui sont soit restées sous les décombres ou n’ont pas été délivrées par l’office nationale d’identification (ONI).
A cet égard, le RNDDH critique la mise de coté de l’Office national d’identification (ONI) par le conseil électoral. « C’est ce qui explique la transmission en retard de certaines informations », soutient Vilès Alizer.
Le responsable des programmes au sein du réseau reproche au CEP d’être trop laxiste face au climat de violence qui marque la campagne, n’écartant pas la possibilité de scènes de violence ce 28 novembre.
Cependant, les récents actes de violences ne sont pour lui que des « actes d’intimidations », « pour empêcher les électeurs de se rendre aux urnes ». Ils doivent pouvoir les dépasser « pour jouir de leur droit de citoyen », précise-t-il. [rh mm apr 28/11/2010 09:45]