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Haïti-Elections : Fin de la campagne électorale… peu d’électeurs édifiés

La campagne électorale s’achève ce 26 novembre sans avoir réellement permis d’explorer les programmes des 18 candidats, qui aspirent à la présidence et des 917 autres qui briguent un poste au parlement. Le scrutin du 28 novembre est vaguement placé par les divers compétiteurs sous le signe de la « rupture » en opposition aux perspectives de « continuité ».

P-au-P, 26 nov. 2010 [AlterPresse] --- La campagne électorale prend fin le vendredi 26 novembre 2010, à l’issue d’une semaine de vives tensions.

Des flambées de violence ont été enregistrées dans plusieurs villes de province où les partisans des candidats ont parfois fait parler la poudre. Au moins 2 personnes sont mortes dans ce type d’affrontements armés, notamment dans le département de la Grand Anse.

Les cortèges de certains candidats à l’image de Jacques Edouard Alexis dans le Nord, de Mirlande Manigat dans le Plateau Central ont été victimes d’attaques.

Mise à part certaines irrégularités, la campagne électorale a surtout été marquée par les centaines de milliers d’affiches collées parfois les unes sur les autres, sur les édifices à Port-au-Prince et ailleurs dans le pays. Cette offensive inédite a été qualifiée de « guerre d’image » par les médias, qui ont de leur côté, continuellement diffusé des spots pour valoriser l’image des candidats.

Outre les médias de masse, des camions et des camionnettes équipés d’importants dispositifs de sonorisation ont été utilisés pour diffuser à travers les rues, dans les camps où vivent les déplacés du séisme du 12 janvier, les thèmes musicaux de campagne.

Certains éléments du programme des candidats n’étaient disponibles que sur Internet en dépit du fait que seulement 10% de la population haïtienne y a accès. Les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter n’ont pas non plus été écartés.

Pourtant très peu de personnes sont en mesure de donner les détails des programmes politiques des différents compétiteurs. Dans les débats télévisés, les discours, les entrevues, des thèmes comme « éducation gratuite », « santé pour tous », « emploi et protection sociale », entre autres, ont été superficiellement abordés.

En même temps des thèmes comme la justice et l’environnement dans un pays hautement vulnérable aux aléas naturels, ont été quasiment absents.

L’attention a été particulièrement attirée par les slogans qui, selon les analystes, ne sont que des abstractions loin de contenir un plan véritable pour le pays en proie à toutes sortes de crises.

« 100% Haïti », proposent les affiches de Jude Célestin candidat du parti au pouvoir INITE. « Nous sommes tous d’accord », lance Mirlande Manigat du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), favorite dans les sondages.

Des observateurs ont fait remarquer que la société civile et les universitaires n’ont pas contribué à la vulgarisation des plans des candidats.

En dépit de cela, la campagne électorale a tout de même été un espace pour l’expression de deux orientations distinctes qui sont la « continuité » et la « rupture ».

La continuité est symbolisée par le dauphin du président René Préva, Jude Célestin, qui prétend pouvoir « rénover » l’expérience de son parti dans l’exercice du pouvoir.

D’autres, comme l’industriel Charles Henri Baker et le chanteur Michel Martelly, jugent qu’il faut « rompre » avec ce « système » qui, durant les 20 dernières années, n’a pas fourni de résultat.

Mirlande Manigat propose pour sa part de rompre avec « l’incompétence » et « la corruption » de cette même période marquée par la gouvernance de Lavalas, le parti de Jean Bertrand Aristide et auparavant de René Préval.

Des anciens collaborateurs d’Aristide et de Préval, aujourd’hui candidats à la présidentielle du 28 novembre, comme Yvon Neptune, Jacques Edouard Alexis, Leslie Voltaire ou Yves Christalin, se sont eux aussi montrés très critiques vis-à-vis de l’actuel régime.

Mais, aucune « rupture » véritable n’a été projetée en ce qui concerne les valeurs de changement charriées par le mouvement démocratique haïtien depuis la chute de la dictature de Duvalier en 1986. [apr 26/11/2010 16 :00]