Port-au-Prince, 7 janv. 04 [AlterPresse] --- Une manifestation anti-gouvernementale convoquée à Port-au-Prince par la plate-forme socio-politique d’opposition a été perturbée par la violence de partisans du pouvoir, faisant trois morts et 23 blessés par balles, selon plusieurs sources.
Une des victimes est le jeune Maxime Desulmond qui a été touché par balles à l’avenue John Brown (centre-ville) ou des partisans du pouvoir étaient embusqués dans des corridors.
D’autre part, un homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a été tué au haut de Delmas (bloc nord-est). La victime ferait partie d’un groupe d’hommes armés qui auraient eu un échange de tirs avec la police, peu avant le passage de la manifestation.
Un autre jeune homme a été trouvé mort de 3 balles à l’avenue Christophe (centre-ville), a constaté un reporter. Les circonstances du meurtre n’ont pas été précisées.
Evans Paul, porte-parole de la Convergence Démocratique, a fait savoir à AlterPresse que des informations étaient en train d’être recueillies pour établir le bilan définitif des incidents, qu’il a condamnés. Evans Paul a déclaré que le pouvoir lavalas est en « rébellion contre la nation et la Communauté internationale ».
Evans Paul a affirmé que, tenant compte de la situation conjoncturelle qui prévaut, le mot d’ordre de grève générale pour les deux prochains jours est maintenu, de même que l’appel à manifester pour le 11 janvier prochain à Port-au-Prince.
La manifestation de plusieurs milliers de personnes a été dispersée lorsqu’elle a été attaquée au centre-ville par des groupes de civils armés qui ont tiré contre les manifestants et barricadé plusieurs rues. Des échanges de tirs ont suivi avec la police, qui a décidé de se replier.
Par la suite les actions de partisans du pouvoir montés à bord de véhicules publics et portant cagoules se sont intensifiées, alors que des patrouilles de la police n’étaient pas observées. Ils ont attaqué des véhicules et ont terrorisé les passants. Plusieurs cas de véhicules volés ont été signalés.
Selon des témoignages obtenus, une trentaine d’hommes armés a fait incursion au local de la compagnie de télécommunications Teleco, située au Bois Verna (centre-ville) et est reparti avec les armes des agents de sécurité et des véhicules.
Ce même groupe a tiré sur plusieurs maisons du quartier, notamment le bureau de Convergence Démocratique, selon ce qu’a pu confirmer AlterPresse.
Plusieurs journalistes de Radio Vision 2000, Radio Signal FM et Radio Ibo ont été attaqués durant la manifestation. Radio Vision 2000 a subi des tirs et un véhicule de Radio Signal FM a été endommagé.
Rudy Eriveaux, chargé de la communication du parti Fanmi Lavalas au pouvoir a nié toute responsabilité de son parti dans les violences enregistrées. « Nous ne sommes responsables de rien » a-t-il déclaré à Radio Métropole, accusant « ceux qui ont besoin de cadavres comme ascenseurs pour parvenir au pouvoir ».
La marche, rejointe par des milliers de personnes très déterminées, a débuté à Pétion-Ville avec plus d’une heure et demi de retard, a cause de troubles provoqués par des partisans du pouvoir qui tiraient sur les manifestants et lançaient des jets de pierres.
Aux cris de « à bas Aristide », « nous n’avons pas peur et nous n’aurons jamais peur », la manifestation avait pu finalement démarrer sous protection de la police, obtenue après d’insistantes démarches des organisateurs de la marche. [07/01/2004 17:00]