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Haiti-Choléra/MINUSTAH : Troubles à Port-au-Prince

P-au-P., 18 nov. 2010 [AlterPresse] --- La Police Nationale d’Haiti (PNH) a dispersé ce 18 novembre à Port-au-Prince des centaines de personnes qui ont manifesté en faveur du départ de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), accusée d’avoir introduit la bactérie du choléra dans le pays.

Les agents de la Compagnie d’Intervention et de Maintien de l’Ordre (CIMO) ont fait usage de gaz lacrymogènes pour contrer les manifestants, partis des abords du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et qui voulaient se rendre devant une des bases de la MINUSTAH.

« La MINUSTAH c’est le choléra », scandaient les manifestants qui ont aussi critiqué le gouvernement, accusé de connivence avec les forces de l’ONU, à l’origine, selon eux, de l’épidémie dont le dernier bilan fait état de 1110 morts.

Les premiers incidents se sont produits à La Lue, au centre de la capitale, témoigne Siméon Wisly, un des dirigeants de la plate-forme de « Libération », une des organisations qui ont convoqué le mouvement, avec Batay Ouvriye, le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP) et la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH).

A la mi-journée la situation était tendue au champ de mars, principale place publique de la capitale, occupée par plusieurs camps de personnes déplacées depuis le séisme du 12 janvier, qui a fait 300,000 morts et 1,5 million de sans-abris.

La panique a régné dans les camps Pétion et Dessalines, où des bonbonnes de gaz lacrymogène tirées par la police auraient affecté des enfants et des personnes âgées.

Des parents accompagnés d’enfants ont tenté de fuir les lieux, a constaté AlterPresse, alors que d’autres étaient inquiets pour des enfants laissés seuls sous des tentes.

Julien Gregory, qui s’est présenté comme président du camp Pétion, a indiqué à AlterPresse que des tentes ont été incendiées par les bonbonnes de gaz lacrymogène et a rendu responsables le président René Préval et le premier ministre Jean Max Bellerive.

Beaucoup de jeunes vivant dans les camps étaient en colère. Certains d’entre eux ont ouvertement appelé à une « révolution » et d’autres ont déclaré que « c’en est trop ».

Les mouvements de ce 18 novembre ont eu lieu également en guise de célébration de la « Bataille de Vertières » (1803), la dernière grande bataille contre les Français avant l’indépendance d’Haïti (1804).

Le centre de la capitale était en partie paralysé. Des blocs de béton, des poubelles et des pneus usagés jonchaient les rues et la circulation automobile était difficile au centre-ville.

Un calme tendu a régné au Cap-Haïtien (Nord) où les rues étaient toujours barricadées, 3 jours après le début des violentes manifestations anti-MINUSTAH qui ont déjà fait 3 morts et une trentaine de blessés. [gp apr 18/11/2010 16 :00]