Actualisation : 18:50
P-au-P., 05 nov. 2010 [AlterPresse] --- L’ouragan Tomas a inondé de nombreuses localités du Sud d’Haïti, où des scènes de panique ont été enregistrées face à la montée de la mer et les inondations causées par des rivières en crue, alors que le phénomène se dirigeait vers le Nord du pays.
Tomas a déjà fait cinq morts, dont deux dans le département de la Grande Anse (Sud-Ouest), deux dans le Sud, un dans le Sud-Est et deux disparus dans des inondations à Léogane (une trentaine de km au sud de Port-au-Prince), selon le dernier bilan partiel communiqué par la directrice de la Protection Civile, Alta Jean Baptiste.
Elle a fait savoir que six personnes ont été blessées dans les départements touchés.
Le président René Préval a appelé la population à suivre à la lettre les consignes de sécurité prodigués par les autorités météorologiques et de la protection civile.
Il s’est particulièrement adressé aux habitants des régions côtières de l’Ouest et du Nord, qui doivent encore être affectées par les effets de Tomas.
« Déplacez-vous, s’il vous plait. Rendez-vous dans des abris prévus, tel que l’ont fait les habitants du Sud », afin d’éviter des pertes en vies humaines, a-t-il dit.
Préval estime que le passage de l’ouragan Tomas risque d’aggraver les conséquences de l’épidémie de choléra, qui a déjà causé la mort de 442 personnes et l’hospitalisation de 6742 autres.
Invitant la population à mettre en application les principes d’hygiène, Préval a prévenu que « si nous ne sommes pas prudents, l’épidémie risque de s’étendre à cause des inondations ».
Les principaux problèmes découlant de la première étape du passage de Tomas ont été enregistrés dans la Grand Anse et les Nippes, deux départements situés au Sud-Ouest d’Haiti. Les rivières sont en crue et les infrastructures routières sont endommagées.
Dans la Grande Anse, les équipes de protection civile n’ont pas pu se rendre dans les lieux affectés afin d’évaluer les dégâts, selon Yolene Surena, de la Direction de la Protection Civile.
Dans les îles Cayimites, situées sur les côtes du Sud-Ouest, des scènes de panique ont été rapportées. Les habitants n’ont pas caché leurs criantes face à la montée du niveau de la mer.
Entre-temps, à Jérémie, principale ville de la Grand Anse, la mer a investi plusieurs quartiers, submergeant des résidences, tandis que des routes agricoles ont été inondées par des débordements de rivières.
Ce même phénomène s’est également produit à Anse d’Hainault, selon ce qu’a confirmé à AlterPresse le maire de cette commune, Georges Simon, qui a relevé le danger qui menace 20 000 habitants.
Les témoignages recueillis à Baradères (Nippes) font état de nombreuses têtes de bétails emportées par les eaux en furie.
Dans le département du Sud, particulièrement à Tiburon et Camp Perrin, les routes sont endommagées et il est impossible de dépêcher des équipes de travaux publics sur place.
Un peu plus éloignée de l’œil de l’ouragan, la région du Sud-Est est sous contrôle, en dépit des inondations qui affectent Jacmel, principale ville du département.
Des évacuations préventives ont eu lieu dans le Sud-Est, selon Yolene Suréna.
Dans l’Ouest, la ville de Léogâne est l’une des plus affectées par les inondations. Une grande partie de la population a été évacuée.
Les autorités ont également exprimé leur préoccupation pour les habitants de Fond Verettes (à l’Est de Port-au Prince), une localité qui a été totalement dévastée par des inondations antérieures. La majeure partie de la population de cette commune a été évacuée.
Des pluies significatives ont commencé à tomber dans le Nord du pays et une certaine anxiété est soulignée, notamment dans la commune de Sainte Suzanne, où 250 personnes ont été placées dans des abris surs.
Les responsables de la Protection Civile n’ont pas abordé la situation des 1,3 million de personnes vivant dans les camps de déplacés depuis le séisme dévastateur du 12 janvier.
Plusieurs milliers de ces sinistrés ont été évacués vers des abris provisoires, mais un certain nombre a décidé d’abandonner les centres d’évacuation, dont les conditions ont été jugées exécrables, selon les témoignages recueillis par AlterPresse au camp de Corail Cesseleste (périphérie nord de la capitale).
En dépit du fait que Port-au-Prince ne parait pas avoir particulièrement souffert du passage de Tomas, les déplacés de plusieurs camps de la capitale ont confié que leur situation déjà précaire s’est encore aggravée durant les dernières 24 heures.
Aux abords de quelques camps situés à Pétion-Ville (périphérie Est), des jeunes jouaient tranquillement au foot-ball sous la pluie.
Durant cette journée déclarée officiellement fériée, très peu d’activités ont été observées dans les rues de la capitale où les bureaux publics, le commerce et les banques ont fermé leurs portes. Mais le commerce informel a fonctionné.
L’alerte rouge est maintenue sur Haiti, au moins pour les prochaines 24 heures, selon le Centre National de Météorologie. [gp apr 05/11/2010 15 :00]