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Appel à la solidarité de l’opinion publique internationale

Appel à la solidarité de l’opinion publique internationale de la part de 5 entités haitiennes

Document ouvert

Soumis à AlterPresse le 3 janvier 2004

Nous, organisations de la société civile haïtienne, appelons à la solidarité de toute la communauté internationale afin de nous permettre d’en finir avec le régime despotique de Jean-Bertrand Aristide.

Il n’y a plus de doute en effet, sur la nature tyrannique du pouvoir en place actuellement en Haïti. Si en 1990, Jean-Bertrand Aristide représentait un espoir pour le mouvement démocratique et populaire, s’il a pu tromper son peuple en même temps que la communauté internationale, aujourd’hui nous avons perdu toutes nos illusions concernant ce nouveau dictateur. Toutes les institutions de l’Etat ont été démantelées, au seul profit de la personne de Jean-Bertrand Aristide.

Il dispose à son gré des finances publiques, sans aucun contrôle. Il intervient directement dans le fonctionnement de tous les secteurs de l’administration publique, particulièrement la police et la justice, mettant ainsi en danger les droits et la vie de tous les citoyens et citoyennes. La police ainsi corrompue est à la solde directe du chef de l’Etat, lequel entretient une police parallèle ancrée dans des soi-disant organisations populaires dénommées « chimères » à qui on n’hésite pas à livrer des armes très meurtrières.

Des ministres et des hauts fonctionnaires, démissionnent. Des religieux, dans tout le pays, dénoncent cette dégradation des valeurs morales les plus élémentaires et demandent la démission du chef de l’Etat. Des journalistes sont assassinés ou doivent quitter leur pays. La presse indépendante est constamment menacée par le pouvoir. Des militants sont arrêtés par des civils non identifiés et sont jetés en prison sans aucune forme de procès. Des femmes sont enlevées et violées. Les juges non corrompus ont dû fuir à l’étranger. Les facultés de l’Université d’Etat d’Haïti, particulièrement la Faculté des Sciences Humaines, l’Institut National d’Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales, la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire, sont attaquées et saccagées par des bandes armées à la solde du pouvoir sous le regard passif de la police, le recteur et le vice-recteur de l’Université sont gravement blessés ainsi qu’une vingtaine d’étudiants. C’est toute la Constitution et les principes fondamentaux de l’Etat de droit qui ont volé en éclats.

A la veille de la commémoration, le 1er janvier 2004, de ses deux cents ans d’indépendance, notre société se soude pour dire non à une telle dégradation éthique de l’autorité politique. Mais pour dire oui à un nouveau contrat social, à une refondation de la société haïtienne, à la possibilité d’un développement démocratique ouvrant les portes de l’espoir pour tout le peuple haïtien. Haïti, avec ses huit millions d’habitants, est classé parmi les pays les plus pauvres de la planète. Pour cette raison, Haïti représente pour ses voisins un problème permanent.

Mais notre pauvreté et notre manque de ressources ne peuvent en aucun cas servir de prétexte pour nous forcer à des compromis inacceptables et immoraux avec le pouvoir actuel en pleine dérive totalitaire. Les démocraties occidentales accepteraient-elles de négocier avec un pouvoir qui aurait violé à ce point les droits fondamentaux de la personne humaine et les principes constitutifs de la Constitution ? Armer des bandes d’enfants ne rappelle-t-il pas les pages sombres de l’histoire européenne, les fascismes notamment ? Pourquoi ce qui est intolérable pour les pays développés le serait-il pour nous ?

Nous poursuivons donc, les mains nues, face à toutes ces bandes armées, notre lutte résolue pour le triomphe de la démocratie dans notre pays. Nous sommes convaincus que la démocratie n’est pas faite que pour les riches. Faut-il attendre désespérément, dans des conditions mondiales injustes, que nous, pays du Tiers-monde, soyons riches pour goûter enfin à la paix civile et au développement en régime démocratique ? Sans doute la démocratie n’est-elle pas la fin des inégalités. Mais elle permet de régler les conflits dans un cadre moins inhumain, dans le respect des droits de l’homme.

Constituons donc une véritable société civile internationale face aux logiques des puissants de ce monde, face aux effets négatifs de la mondialisation. L’opinion publique mondiale a son rôle à jouer. Voilà pourquoi nous faisons appel à l’opinion publique mondiale.

Manifestez donc votre solidarité avec le peuple haïtien en nous aidant à la réussite d’une journée internationale de mobilisation en vue de faire du jeudi 15 janvier 2004, un jour de mobilisation pour soutenir le peuple haïtien dans sa lutte pour ses libertés démocratiques.

1776, aux Etats Unis, la guerre de l’indépendance américaine ouvrait la voie à la fin des régimes coloniaux.

1789, en France, a eu une portée internationale qui a atteint nos rives et a aidé nos ancêtres à se libérer de l’esclavage.

1804, en Haïti a eu aussi une portée internationale, car pour la première fois une révolte d’esclaves réussissait et notre pays fut la première république noire du monde.

2004, ici et maintenant, doit avoir une dimension internationale, car avec nous, c’est le Tiers-monde qui manifeste sa quête de justice et de dignité.

Dimanche 28 décembre 2003

Centre œcuménique des Droits Humains(CEDH), Jean-Claude Bajeux

Centre d’Appui à la Jeunesse (CEDAJ), Evans Lescouflair

Haïti-Solidarité Internationale (HSI), Jean Lhérisson

Institut Mobile d’Education Démocratique (IMED), Kettly Julien

Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes (CONAP), Danièle Magloire

Initiative Citoyenne, Frandley Julien

Si vous souhaitez vous joindre à cet appel, ajoutez le nom de votre organisation,
le nom de la personne responsable et renvoyez au cedh@acn2.net