Document soumis à AlterPresse le 28 octobre 2010
Une Académie haïtienne est instituée en vue de
fixer la langue créole et de permettre son
développement scientifique et harmonieux.
(Constitution République d’Haïti, 1987, Art. 213)
Nous, de l’Université d’État d’Haiti, de la Secrétairerie d’État à l’Alphabétisation, des
Presses Nationales d’Haïti, de la Confédération Nationale des Vodouisants Haïtiens,
du Journal Bon Nouvèl, qui constituons le Comité d’Initiative pour l’établissement de
l’Académie Haïtienne, nous nous inclinons devant le courage et la détermination du
peuple haïtien.
Nous profitons de la 28eme Journée Internationale de la Langue Créole pour rappeler
à tous l’importance de la langue créole pour nous Haïtiens, importance clairement
exprimée dans la Constitution. Les membres de l’Assemblée constituante de 1987
avait bien compris l’importance de cette question. En témoignent les différents articles
concernant la place des langues ainsi que leur rôle dans la société haïtienne :
Article 5 Tous les Haïtiens sont unis par une Langue commune : le Créole.
Le Créole et le Français sont les langues officielles de la République.
Article
24.3 Pour que ce mandat puisse être exécuté, il faut qu’il exprime
formellement en créole et en français le ou les motifs de l’arrestation ou de
la détention et la disposition de loi qui punit le fait imputé ;
Article 40
Obligation est faite à l’Etat de donner publicité par voie de presse (…) à tout
ce qui touche la vie nationale...
De même, nous attirons l’attention sur l’exigence faite dans l’article 211 qui demande
d’utiliser les langues officielles à tous les niveaux du système éducatif haïtien (…) La
plupart des cours doivent être faits dans les langues officielles du pays.
Nous les membres du Comité d’Initiative, nous apprécions tout ce qui a été fait pour
renforcer le français qui est l’une de nos langues officielles, mais nous sommes
préoccupés en constatant que, malgré les progrès du créole dans notre société,
d’énormes difficultés continuent de s’imposer au développement de l’unique langue
qui lient les haïtiens entre eux. Ainsi, nous croyons que l’un des obstacles au strict
respect des articles concernant les langues, c’est la violation de la loi-mère du pays,
principalement l’article 213 qui préconise l’Académie Haïtienne.
Nous croyons que, tel que l’exige la Constitution, la question de la langue dans une
nation ne saurait être laissée à la dérive. Au contraire c’est une question qu’il faut
dans une perspective stratégique. C’est dans cette perspective que s’inscrit la
formation de ce Comité qui, depuis un certain temps, a pris l’initiative du débat, de la
réflexion, de la discussion et de la consultation pour l’établissement de l’Académie
Haïtienne. Ainsi, nous profitons de cette célébration pour annoncer à la population
toute entière, aux étudiants, professeurs, sociologues, anthropologues, linguistes,
écrivains, poètes et à tous ceux qui luttent pour l’avancement de la langue créole en
particulier, de la réalisation d’un Colloque International sur la stratégie à adopter pour
porter les décideurs et le Parlement à mettre en place l’Académie Haïtienne pour de
bon.
Pour cela, nous les membres du Comité d’Initiative, nous déclarons notre plein soutien
à la Constitution de 1987, spécialement l’article 213 qui expose cette exigence. Nous
sommes conscients que le problème de la langue créole est un dossier stratégique,
c’est-à-dire, un dossier d’extrême importance pour le Peuple Haïtien qui doit être traité
correctement et en toute urgence. Aucun progrès n’est possible sans la planification et
l’aménagement équitable de nos deux langues officielles.
Ce premier pas que nous avons fait est insuffisant au regard de tout ce qui reste à
faire. Et pour que le travail puisse produire de bons résultats, il faut la participation de
toutes les institutions, tous les groupes et tous les secteurs de la société : femmes et
hommes, éducateurs, sociologues, écrivains, linguistes, prêtres, pasteurs, houngan,
juristes, syndicalistes, citadins aussi bien que les paysans, étudiants, entrepreneurs,
commerçants, etc. qui se sentent concernés et qui approuvent cette démarche que le
Comité d’Initiative a déjà lancé ! En ce sens, nous invitons tout un chacun et toutes les
institutions à appuyer cette déclaration en la signant.
Ceux qui ont signé cette déclaration :
Jean-Vernet HENRY, de l’Université d’État d’Haïti (UEH)
Carol JOSEPH, de la Secrétairerie d’État à l’Alphabétisation (SEA)
Max BEAUVOIR, de la Confédération Nationale des Vodouisants Haïtiens
Jean-Pierre Nzemba WAYI, cicm du Journal Bon Nouvèl