P-au-P., 21 oct. 2010 [AlterPresse] --- Le Représentant de l’ONU sur les droits des personnes déplacées, Walter Kaelin, estime que les autorités haitiennes devraient proposer des réponses efficaces aux problèmes qui affectent les centaines de milliers de personnes qui vivent dans les camps de déplacés, suite au seisme devastateur du 12 janvier.
« Le gouvernement haïtien a besoin d’établir et de présenter publiquement un plan précis sur la manière dont il entend fournir des solutions durables aux personnes dans les camps », a-t-il déclaré le 19 octobre après une visite dans les zones affectées par le tremblement de terre.
« Neuf mois après (…), Haïti vit toujours une profonde crise humanitaire qui affecte directement les droits fondamentaux des personnes déplacées par la catastrophe », indique-t-il.
« Près de 1,3 million d’Haïtiens ayant perdu leurs maisons lors du séisme, auxquels se sont ajoutés tous ceux qui ont fui des conditions de vie aggravées par le tremblement de terre, vivent aujourd’hui dans des camps dans et autour de Port-au-Prince », souligne l’expert indépendant de l’ONU.
En dehors des camps, Kaelin mentionne aussi des quartiers pauvres où le sort de ceux qui y vivent « est moins visible, mais non moins grave ».
Le Représentant de l’ONU soutient que la crise humanitaire qui frappe Haiti actuellement « a besoin d’une solution de développement ».
Il appelle au lancement plus rapide du processus de reconstruction. « Si les bailleurs de fonds assurent des financements flexibles, la reconstruction de quartier à plus petite échelle peut avancer et donner beaucoup plus de cet espoir si nécessaire », déclare Walter Kaelin.
Il exhorte les pays donateurs à continuer de financer l’aide humanitaire et les activités de protection des déplacés, tant qu’aucun progrès substantiel vers des solutions durables n’est fait.
Par ailleurs, l’expert de l’ONU met en avant l’importance de développer une approche fondée sur les droits des personnes déplacées. « Le droit au retour est un principe clé ; lorsque les zones d’habitation d’origine se sont révélés dangereuses, le déplacement volontaire ou la réinstallation ailleurs sont des options, à condition que les moyens de subsistance et l’accès aux services de base soient assurés », rappelle-t-il.
Soulevant aussi le problème croissant des expulsions forcées de terrains privées, Walter Kaelin souligne qu’« il ne devait pas y avoir d’expulsion forcée sans procédure régulière ou recherche de solution alternative raisonnable ».
« Le gouvernement doit publiquement défendre ce principe », recommande-t-il, rappelant que « le droit de propriété doit être mis en balance avec les droits économiques et sociaux des victimes du tremblement de terre ».
L’expert exprime également ses préoccupations face au niveau de violence à l’égard des femmes et des enfants dans les camps. « J’encourage la Police nationale haïtienne et la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à accroître leur présence et leurs patrouilles dans les camps, même si ce n’est qu’une partie de la solution ». [gp apr 21/10/2010 08 :00]