P-au-P, 13 octobre 2010 [AlterPresse] --- 42 biens culturels haïtiens en péril se trouvent sur une Liste Rouge d’urgence qui a été lancée ce mercredi 13 octobre au Musée du Panthéon National Haitien (MUPANAH) par le Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) et le Conseil International des Musées (ICOM).
La Liste Rouge est une publication de l’ICOM qui décrit les objets patrimoniaux protégés par les lois nationales et internationales et faisant partie de catégories généralement convoitées par les trafiquants.
La liste aide les professionnels de la culture et du patrimoine, les agents de douane et de la police à identifier les objets obtenus de manière illicite.
L’ICOM a déjà publié 8 listes de ce genre en rapport avec le patrimoine de plusieurs régions ou pays. Deux sont des listes d’urgence, incluant celle lancée ce mercredi.
La Liste Rouge d’urgence des biens culturels haïtiens en péril comporte des objets susceptibles de faire l’objet de trafic illicite, entre autres un buste de Toussaint Louverture datant de 1870, un costume rara des 19e-20e siècles et la cloche de la liberté remontant à 1791.
Son lancement devrait être lié à une campagne de sensibilisation et de formation pour les douaniers, les policiers et les professionnels de l’art.
L’ICOM entend par ailleurs lancer « dans quelques mois » une liste rouge commune pour Haïti et la République Dominicaine et construire les capacités de protection du patrimoine de l’ile, annonce la directrice de programme de l’ICOM, France Desmarais.
Selon elle, le patrimoine haïtien « est un unique et riche amalgame d’héritages fait de la mémoire et de lègues… des aborigènes d’Haïti, des valeurs ancestrales africaines et d’apports de l’époque coloniale et de l’histoire récente du pays ».
Il « constitue le plus précieux des patrimoines que chacun doit contribuer à préserver non seulement pour le peuple haïtien mais pour l’humanité dans son ensemble » ajoute t-elle.
Pour sa part, la ministre a.i de la culture, Jocelyne Colimon-Fethière, donne la garantie que l’Etat haïtien prendra des mesures pour préserver le patrimoine du pays.
« Notre culture est notre meilleure carte de visite de tous les temps. Nous, Haïtiens et Haïtiennes en sommes fiers. Cette fierté est accompagnée d’une lourde responsabilité qui est celle d’un secteur à accompagner, renforcer et promouvoir d’une part, et d’un patrimoine à préserver et valoriser d’autre part », souligne-t-elle.
Haïti a ratifié cette année la Convention de l’UNESCO de 1970 concernant les mesures à prendre pour empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels.
Un dossier de presse de l’ICOM relève que le trafic illicite des biens culturels haïtiens n’est pas une menace nouvelle liée uniquement au séisme. Le 12 janvier a vue naitre toutefois une grande inquiétude suite à la destruction de nombreux musées et lieux de culture. Les autorités nationales ont ainsi évoqué la nécessité de reconstruire le patrimoine du pays endommagé.
L’ICOM préfère pour sa part parler de reconstitution « principalement parce qu’une identité, une culture, cela ne se reconstruit pas », souligne France Desmarais. [kft gp apr 13/10/2010 14:00]