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Haiti/bicentenaire : " miel " et troubles

Haiti/bicentenaire : « miel » et troubles

P-au-P., 1 janv. 04 [AlterPresse] --- La journée du bicentenaire d’Haïti se déroule dans une situation de forte tension, de manifestations anti-gouvernementales, de violence contre les manifestants, faisant un nombre indéterminé de blessés à Port-au-Prince.

Une première partie des cérémonies officielles a eu lieu dans la matinée au palais national à Port-au-Prince. Dans son discours, le président Jean Bertrand Aristide a rendu hommage aux fondateurs de la nation et a promis du "miel" à la population.

« Ici, de la nuit de l’esclavage, surgit un soleil de liberté », a lancé le chef de l’Etat en présence de milliers de partisans, de membres du gouvernement, parlementaires et de
dizaines d’hôtes étrangers, dont le président sud-africain, Thabo Mbeki, et le premier ministre de Bahamas, Perry Christie.

Dans ce discours principalement en Créole, Français, Anglais et Espagnol, Aristide a relevé que la révolution haïtienne est l’unique révolution anti-esclavagiste à travers le monde. Il a également souligné des apports d’Haïti au processus de libération de plusieurs peuples dans le monde.

Aristide a annoncé que des élections se tiendront cette année en Haïti. Il a fait part à la population de la « déclaration du bicentenaire », un document en 21 points, où il a promis la reconstruction du pays pour les 10 années à venir. L’horizon de la « déclaration du bicentenaire » se situe en 2015.

La déclaration dont a fait état Aristide, prévoit une diminution substantielle, entre autres, du taux de mortalité infantile, de la malnutrition, du taux de mortalité maternelle et
l’augmentation du taux de scolarisation.

Aristide s’est félicité de la construction de plus de cent lycées dans le pays pendant la période lavalas, c’est-à -dire durant au moins les 10 dernières années.

Aristide a également parlé de l’augmentation de la disponibilité d’infrastructure routière, électrique, téléphonique et hydraulique d’ici à 2015. La déclaration projette d’augmenter l’accès à l’eau potable de 48% à 75% de la population.

Aristide a promis la mise en terre de 45 millions de plantes et la construction de 10.000 logements sociaux et de réduire le taux de pauvreté de 55% à 28%.

Normalement le mandat du président Aristide devrait prendre fin en 2006 et selon la constitution il ne peut briguer un autre mandat.

Le président sud-africain, Thabo Mbeki, le seul président ayant répondu à l’invitation du gouvernement, a transmis un message « de solidarité » de la part des africains. Selon le président sud-africain, la révolution haïtienne inspire une bataille pour « la régénération des Africains ».

Le premier ministre de Bahamas, Perry Christie, a, de son coté, souligné que l’indépendance de Haïti est un motif de « fierté pour tous les peuples ».

Au moins une dizaine de personnes a été blessée lorsque la grille du palais a cédé sous la pression de partisans du pouvoir qui prenait part à la cérémonie.

Aux Gonaives (Centre-oeste), malgré une situation de tension qui a prévalu depuis la veille, Aristide s’est rendu sur place au milieu des tirs et a trouvé, selon les correspondants locaux, portes closes et rues vides.

Devant environ un millier de personnes, transportées par des bus d’une compagnie mixte, Aristide, qui était accompagné de membres du gouvernement et de quelques invités étrangers a prononcé un très bref discours. Les principaux éléments de son allocution à Port-au-Prince ont été repris. « Elections oui, coup d’Etat non », a-t-il martelé.

[(...) partie erronée, supprimée]

Les cérémonies religieuses et culturelles prévues aux Gonaives n’ont pas eu lieu.

A Port-au-Prince, la police a violemment interrompu a plusieurs reprises des manifestations anti-gouvernementales de plusieurs milliers de personnes, en majorité des jeunes. Les manifestants qui voulaient se diriger vers le palais national ont été stoppés a coups de gaz lacrymogènes et de tirs a l’arme automatique. Au moins 5 étudiants ont été blessés, selon un bilan partiel.

Après la dispersion de la manifestation, des partisans armés du gouvernement ont pris en chasse des manifestants au centre-ville. Beaucoup d’entre eux ont du se mettre à couvert durant environ 2 à 3 heures de temps. En fin d’après-midi, plusieurs rues de la capitale ont été barricadées à l’aide d’objets divers.

La situation à Port-au-Prince s’est compliquée avec l’évasion d’un nombre indéterminé de prisonniers de la prison centrale. Les circonstances de cet incident n’ont pas encore été déterminées et les responsables n’ont pu fournir de bilan.

Des manifestations anti-gouvernementales ont également eu lieu a Jacmel (Sud-est) et Gros-Morne, proche de Gonaives. A Gros-Morne, le commissariat de police a été pris d’assaut et plusieurs véhicules ont été incendies. Des policiers ont été blessés, selon une correspondance en provenance de la zone.

L’atmosphère générale était marquée par l’indifférence de la grande majorité de la population de la capitale vis-à -vis des cérémonies officielles. Les rues n’ont présenté aucun aspect de fête. Dans plusieurs des rues du centre-ville et d’ailleurs, les ordures n’ont pas été enlevées. [gp apr 01/01/2004 14:00]