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Haïti- Élections : Vitesse de croisière de la machine électorale, mais des doutes subsistent

P-au-P, 12 oct. 2010 [AlterPresse] --- La machine pilotée par le Conseil Électoral Provisoire (CEP) parait être lancée à toute vitesse vers les élections présidentielles et législatives du 28 novembre prochain, mais des doutes subsistent sur la capacité de l’appareil à réaliser un scrutin véritablement honnête et démocratique.

A l’étape actuelle du calendrier électoral, le CEP invite tous les partis politiques engagés dans le processus, à soumettre la liste complète des membres des bureaux de vote (MBV), et convie les organisations désirant observer les élections du 28 novembre à faire une demande ’accréditation auprès du Conseil.

Dernières dispositions

Les entités concernées (partis politiques et organisations observatrices) ont respectivement jusqu’au 12 et 13 octobre pour remplir ces formalités.

D’autre part, le CEP annonce que 800 000 déplacés ont confirmé avoir changé d’adresse dans le cadre de la campagne de vérification d’adresses conduite par l’organisme électoral.

Ce chiffre représente 19% de l’électorat estimé à 4,2 millions par les autorités.

La campagne s’est déroulée sur tout le territoire à travers 1480 centres de vote transformés en Centre d’opération de vérification (COV).

« Le COV a été mis en place essentiellement pour permettre aux électeurs de vérifier si leur nom figure sur la liste électorale et pour pouvoir voter au bureau le plus proche de leur domicile actuel », explique Pierre Louis Opont, directeur général du CEP.

Par ailleurs, 40 COV devaient être installés à partir du week-end écoulé dans des camps de déplacés abritant 10 000 sinistrés.

Craintes

L’efficacité de cette campagne ne fait pas l’unanimité et génère même des craintes de fraudes.

Rosny Desroches de l’Initiative de la Société Civile (ISC) dit craindre qu’un électeur ayant obtenu de voter dans un autre centre de vote après avoir déclaré son changement d’adresse ne s’arrange pour voter 2 fois, si son nom n’a pas été rayé de la liste du centre de vote initial.

De plus, il déclare ne pas comprendre pourquoi le CEP a décidé de se charger de cette campagne à la place de l’Office National d’Identification (ONI). Selon lui, 5 000 électeurs et électrices seulement avaient déclaré à l’ONI avoir changé d’adresses.

Le tremblement de terre du 12 janvier a fait 1,3 millions de déplacés, dont un flot de 600 000 personnes vers les villes de province. La plupart des 300 000 personnes décédées lors de la catastrophe n’ont pas d’actes de décès.

D’autre part, plus d’une quarantaine de membres du congrès américain, ne sont pas convaincus que les prochaines élections en Haïti seront libres, équitables et inclusives.

Dans une correspondance adressée, à la secrétaire d’État des Etats-Unis, Hillary Rodham Clinton, à la fin de la semaine écoulée, ces parlementaires dénoncent l’exclusion, par le CEP, d’une douzaine de partis de la course électorale, dont « Fanmi Lavalas », ce qu’ils qualifient d’anticonstitutionnel et d’antidémocratique.

Ces derniers invitent le gouvernement américain à financer les élections, moyennant le respect des normes démocratiques minimales, particulièrement, l’intégration des partis exclus.

Ces « congressmen » ont également exprimé leur préoccupation sur la nécessité pour tous les haïtiens en âge de voter puissent le faire en ayant accès à leur Carte d’Identification Nationale (CIN), spécialement les 1,3 millions de déplacés.

Vers la deuxième phase de la campagne

La deuxième phase de la campagne, qui doit commencer le 15 octobre et prendre fin le 26 novembre, sera destinée à la diffusion de spots publicitaires dans les médias et aux rassemblements politiques sur la voie publique.

Soixante dix candidats du « Front Commun » contre les élections, regroupant les plates-formes, Alternative, Libération, Rasanble et Ucadde, ont décidé de participer au scrutin au niveau législatif.

Ces candidats envisagent d’entrer dans la course en dépit de l’avis contraire des directions des partis qui continuent de réclamer la mise à pied du CEP, qu’elles considèrent comme inféodé au pouvoir en place.

Les élections du 28 novembre prochain, doivent permettre de renouveler 1/3 du sénat (composé 30 membres), élire 99 membres pour la chambre des députés et trouver un successeur au président René Préval. [rh kft gp apr 12/10/10 08:30]