P-au-P., 11 oct. 2010 [AlterPresse] --- Une grande partie des élèves n’a toujours pas pu reprendre le chemin de l’école, huit jours après la réouverture des classes, alors que les manifestations en faveur de la scolarisation se sont soldées par un mort, l’enseignant Jean Philibert Louis, mortellement blessé par la police le 8 octobre.
Une fois de plus, peu d’élèves ont été remarqués dans les rues de la capitale ce lundi, même si les activités scolaires ont paru plus importantes au début de cette semaine que durant les jours précédents.
« La réouverture officielle des classes se fait dans des conditions difficiles », constate la Plateforme des Organismes Haitiens de Défense des Droits Humains (POHDH) dans un communiqué transmis à AlterPresse.
Les parents sont aux abois et la plupart des édifices scolaires effondrés lors du puissant séisme du 12 janvier ne sont toujours pas déblayés. Des établissements encore debout sont occupés par des sans abri qui n’ont trouvé aucune alternative de logement.
Cette situation a soulevé la colère d’un certain nombre d’élèves, en particulier ceux du Lycée Toussaint Louverture, encore occupé par des personnes déplacées.
A ces jeunes manifestants qui ont crié à plusieurs reprises leur désarroi devant le ministère de l’éducation nationale, se sont joints des enseignants, dont la plupart n’ont pas été rémunérés depuis plus de deux ans.
Une manifestation conduite le 8 octobre par l’Union des Normaliens Haitiens (UNOH) a été brutalement dispersée par la Police et l’enseignant Jean Philibert Louis, 35 ans, a été atteint d’un projectile à la tête. Transporté d’urgence à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), le Philibert Louis est décédé dans la matinée du samedi 9 octobre 2010.
Les enseignants étaient encore dans la rue ce lundi pour condamner ce crime et réclamer justice en faveur de la victime. L’UNOH envisage de porter plainte, confie Josué Mérilien, coordonnateur de l’organisation.
« Cet acte est totalement inacceptable et anti-démocratique », déclare pour sa part la POHDH, qui « dénonce énergiquement les répressions de la police » contre les manifestants du 8 octobre.
De son coté, le ministère de l’éducation nationale et à la formation professionnelle (MENFP) invite les élèves et les enseignants manifestants à faire preuve de compréhension et affirme prendre acte de leurs différentes revendications.
Dans un communiqué transmis à AlterPresse, le ministère se dit disponible à dialoguer avec tous les acteurs, autour des préoccupations relatives au bon fonctionnement du système éducatif.
Le ministère affirme avoir déjà entrepris des négociations pour l’évacuation des occupants et la construction de hangars. Des structures pouvant accommoder 24 salles de classes sont maintenant en cours de construction, informent les autorités de l’éducation, sans indiquer pourquoi ces dispositions n’ont pas été prises pendant les deux mois écoulés.
Quant aux revendications des professeurs, le ministère déclare que l’État a déjà pris un ensemble de mesures dans le cadre de la Stratégie Nationale d’Education pour tous.
En ce qui concerne les parents, ils continuent de dénoncer des responsables d’écoles qui décident d’augmenter le prix de l’écolage et confient qu’à cause de leur situation économique actuelle, ils se trouvent dans l’impossibilité de faire face à leurs obligations pour la rentrée.
Ils exigent des autorités la promulgation de la loi sur les frais scolaires, votée au parlement dans l’objectif de diminuer les charges annuelles consenties par les familles en Haïti.
Les besoins financiers et matériels qui concernent les élèves, les parents et les établissements scolaires sont estimés institutionnellement à 500 millions de dollars américains.
Le système éducatif haïtien a été gravement touché par le tremblement de terre du 12 janvier. les pertes se chiffrent officiellement à 38 000 élèves, 1 400 enseignants, 150 membres du personnel du ministère tués et 4 200 écoles détruites. [rh gp apr 11/10/2010 18 :00]