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Haïti-Séisme : Le droit au logement à l’épreuve des expulsions forcées

Tribune

Par Antonal Mortimé, Secrétaire exécutif de la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH)

Soumis à AlterPresse le 1er octobre 2010

A Port-au-Prince, Haïti, actuellement, on assiste à une série d’expulsions des victimes du séisme du 12 janvier 2010, logées provisoirement dans des camps de fortune, plus de 8 mois après. Ces expulsions se font par les grands propriétaires terriens de la région métropolitaine de la capitale haïtienne et certaines municipalités, dont la commune de Carrefour, de Port-au-Prince, de Croix des Bouquets et de Pétion-Ville.

Ces propriétaires et ces autorités sont sans pitié pour les familles pauvres déplacées depuis le 12 janvier 2010, suite au passage du séisme de dévastateur de magnitude 7.1 sur l’échelle de Richer.

Le tremblement de terre a fait 300. 000 morts, 300.000 blessés et 1.5 millions de personnes sans logement et des dégâts matériels évalués à plus de 8 milliards de dollars Américains, selon les chiffres officiels.

Les autorités municipales et gouvernementales ont invoqué leur obligation constitutionnelle de garantir le droit à la propriété privé pour justifier leur appui aux expulsions des victimes du séisme qui se retrouvent sans logement. Pourtant elles oublient leurs obligation constitutionnelle de garantir et de préserver le droit de chaque haïtien, chaque haïtienne à un logement décent et sécuritaire, selon le vœu de l’article 22 de la constitution haïtienne en vigueur depuis 1987.

Peut-on parler de conflit entre un droit civil (le droit à la propriété privé) et un droit social (le droit au logement ) ? Si c’est le cas où est passé la fonction régalienne de l’Etat haïtien ?

D’autre part, les organisations haïtiennes des droits humains dénoncent les violations flagrantes des droits de la personne, elles sensibilisent l’opinion publique et promeuvent le droit au logement décent et sécuritaire en tant que droit humain.

Ces organisations proposent au gouvernement haïtien des mesures d’accompagnement des populations victimes du séisme du 12 janvier, menacées d’expulsion forcée. Certains comités de gestion des camps, associations des victimes sont aussi mobilisées pour revendiquer et pour faire respecter leurs droits. Des manifestations et sit-in organisés et spontanés ont lieu.

Au début du mois de septembre, l’expert indépendant des Nations Unies sur les Droits Humains en Haïti, Monsieur Michel FORST, a également dénoncé les expulsions des sans abris et a demandé un moratoire. Il a soutenu la position des organisations haïtiennes de défense et de promotion des droits humains et des mouvements sociaux.

Entre-temps, en réalité, rien de concret n’est fait par le gouvernement.

Les dirigeants haïtiens sont-ils sourds, muets et aveugles en ce qui concerne le droit au logement des personnes déplacées ?