Correspondance
Par Weibert Arthus
Paris, 30 déc. 03 [AlterPresse] --- En France, les Haïtiens sont descendus dans les rues pour fustiger la présence militaire sud-africaine en Haïti et la « collaboration » de Thabo Mbeki avec l’administration Aristide qui fait face à une contestation grandissante en Haiti.
A l’appel d’un collectif d’étudiants, de militants et d’associations franco-haïtiennes, les Haïtiens ont manifesté ce lundi 29 décembre 2003, à proximité de l’Ambassade d’Afrique du Sud à Paris. Au rang des manifestants on pouvait remarquer plusieurs personnalités de différentes tendances dont des étudiants, des professeurs d’universités, d’anciens exilés de la dictature des Duvalier, des nouveaux exilés du régime d’Aristide, des militants qui soutenaient l’ancien prêtre de St-Jean Bosco et qui aujourd’hui dénoncent ses actes dictatoriaux, des représentants de partis politiques de l’opposition à Paris et des membres et responsables d’associations.
Des enfants en bas âge brandissant le drapeau haïtien, des hommes et femmes de plus de soixante-dix ans brandissant leurs pancartes et des familles entières lançant des slogans hostiles au président Aristide ont bravé le froid parisien pour faire entendre leur voix. Plusieurs citoyens de différentes nationalités dont des Français, anciens coopérants à Port-au-Prince, sont venus apporter leur soutien à la cette mobilisation contre le pouvoir en Haïti.
A l’aide de banderoles, pancartes et tracts les manifestants ont demandé à l’Afrique du Sud de "retirer ses troupes d’Haïti" et au Président Thabo Mbeki de reporter son voyage, prévu le premier janvier 2004 en Haïti, afin "de ne pas se faire complice des actes barbares du pouvoir lavalas (Avalanche) contre la population."
Aux cris de "Thabo Mbeki retirez vos troupes d’Haïti", "Coopération oui, avec lavalas non", "Toussaint Louverture, la fierté de la race noire ; Aristide, la honte du bicentenaire", les manifestants ont une fois de plus exprimé leur volonté de ne pas célébrer le bicentenaire de l’indépendance du pays avec Jean-Bertrand Aristide à la tête de l’Etat.
Pour la plupart des manifestants, le problème n’est pas la coopération entre l’Afrique du Sud et Haïti mais son support à un « dictateur » au détriment de la population qui réclame son départ. Ils appellent les chefs d’Etat étrangers à ne pas se rendre en Haïti, le premier janvier 2004, arguant que « répondre à l’invitation du gouvernement de Jean-Bertrand Aristide serait donner un appui considérable à un pouvoir décrié par des manifestations quotidiennes à travers le pays et dans la diaspora. »
Une délégation composée de trois personnalités (deux responsables -un haïtien et une française- des associations organisatrices de la manifestation et un représentant de la diaspora haïtienne de France) a été reçue par deux diplomates sud-africains. La délégation leur a remis une lettre ouverte des organisateurs adressée au Président Thabo Mbeki et un dossier de presse sur les exactions reprochées au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide.
Au cours de cette rencontre, la délégation et les diplomates se sont entretenus sur la situation politique d’Haïti à quelques jours du bicentenaire de son indépendance. La délégation a transmis aux diplomates les doutes de la communauté haïtienne sur l’utilisation que le Président Jean-Bertrand Aristide peut faire des troupes sud-africaines pour mater les mobilisations populaires réclamant la démission de son gouvernement à travers le pays, notamment aux Gonaïves où des soldats et un hélicoptère de guerre sud-africains ont débarqué depuis le 24 décembre 2003. [wa gp apr 30/12/2003 08:00]