P-au-P, 30 sept. 2010 [AlterPresse] --- L’utilisation de substances abortives, par les femmes, a augmenté dans le pays, alors que les soins obstétricaux laissent à désirer, selon les observations réalisées par l’organisation féministe « Solidarité des Femmes Haïtiennes » (SOFA).
Suite à une mini-enquête réalisée au début du mois de septembre la SOFA relève une importante utilisation du Cytotec, un médicament utilisé généralement dans le traitement de l’ulcère et dont les effets secondaires provoquent l’avortement.
Les femmes emploient ce médicament souvent mélangé avec des boissons dites énergisantes (« Toro », « Ragaman », « Mégawatt »), indique à AlterPresse la coordonnatrice générale de la SOFA, Dr Lise-Marie Dejean.
En Haïti, le taux de mortalité maternelle est de 630 pour mille. Et des 630, 102 décès sont dus à un avortement.
Ces chiffres ne sont que « la pointe de l’iceberg », selon le docteur Lyse Marie Dejean.
L’avortement, considéré comme un crime par la loi (article 262 du code pénal), est en général une activité clandestine, soutient-elle.
« En Haïti, ces femmes meurent parce qu’elles subissent la violence de l’Etat qui refuse de modifier la loi sur l’avortement », dénonce-t-elle.
Dans tous les pays où la mortalité maternelle a diminué de moitié, les autorités ont pris des mesures pour éduquer les femmes et légaliser l’avortement, fait-elle remarquer.
Lise-Marie Dejean indique, par ailleurs, que les risques de grossesses non désirées ont augmenté en raison notamment des violences sexuelles enregistrées dans les camps de déplacés après le séisme.
Dans beaucoup de cas, les grossesses non désirées poussent les femmes à se faire avorter dans de mauvaises conditions d’hygiène ; en conséquence, elles meurent », déplore la SOFA dans une déclaration à l’occasion de la journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement, le 28 septembre 2010.
L’organisation exhorte les pouvoir exécutif et législatif à prendre les mesures adéquates pour établir et voter une loi en faveur des droits sexuels et reproductifs des femmes et de la dépénalisation de l’avortement.
Une première initiative avait été prise en ce sens en 1999 au cours de la 46e législature, mais elle n’a pas pu aboutir, le parlement ayant été dissout. De plus, les pressions de l’Eglise ont gelé l’initiative, déclare Dejean. [kft rl apr 30/09/2010 11:35]