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Attente pesante à 48 heures du bicentenaire d’Haïti

P-au-P., 29 déc. 03 [AlterPresse] --- Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté contre le président Jean Bertrand Aristide dans l’après-midi de ce 29 décembre aux Gonaives (centre- ouest), à l’appel du Front de Résistance de l’Artibonite, anciennement « Armée Cannibale ».

Les manifestants, dont la plupart était armée, entonnaient à tue tête un refrain avec les paroles que voici : « nous ne voulons pas négocier, Haïti va être libérée ». Ils ont exigé la démission du Chef de l’Etat.

Au moment de la manifestation, de fortes détonations d’armes à feu ont été entendues. Ce qui, selon les correspondants locaux, a créé une situation de panique.

Le Front de Résistance de l’Artibonite a réussi à gagner les rues, malgré une opération de la police pour isoler le quartier de Raboteau, foyer de la contestation aux Gonaives. Durant le week-end écoulé, des containers ont été placés dans le périmètre du quartier.

La manifestation s’est toutefois déroulée dans une atmosphère de confusion, créée par des déclarations contradictoires de deux dirigeants du front.

Butter Metayer, frère d’Amiot (ancien chef de l’armée cannibale, assassiné en septembre dernier), a annoncé une trêve dans les manifestations pour permettre la celebration de l’evenement « dans la paix ».

Dans cette déclaration enregistrée, confiée aux médias aux bons soins de parlementaires lavalas (avalanche, parti au pouvoir), Butter Métayer a fait savvoir que « nous avons laissé tomber nos rancoeurs contre la célébration du bicentenaire aux Gonaives », ville où l’indépendance a été proclamée en 1804.

Plus tôt dans la journée, le porte-parole du front, Winter Etienne, avait réitéré ses menaces d’ « arrêter » le président s’il se rendait aux Gonaives le premier janvier 2004. Il avait aussi mis en garde contre la présence de délégations nationales et internationales, arguant en substance que la situation ne serait pas sure.

Les préparatifs aux Gonaives, repris la semaine dernière après de sérieuses perturbations, se sont poursuivis ce 29 décembre sous surveillance policière.

Entre-temps, Aristide a confirmé la semaine dernière qu’il se rendrait aux Gonaives le premier janvier, tout de suite après une cérémonie qui devrait se tenir au palais national.

Quelques milliers de partisans du gouvernement ont manifesté ce 29 décembre à Port-au-Prince pour exiger le respect du mandat de 5 ans d’Aristide, qui doit prendre fin en 2006.
Des parlementaires du parti au pouvoir et chefs de bandes lavalas ont pris part la manifestation.

Duckens Séjour, journaliste de la station privée Radio Galaxie, émettant de Port-au-Prince, a été agressé par les manifestants pro-gouvernementaux.

L’opposition socio-politique a annoncé des activités anti-gouvernementales durant les trois prochains jours : marche le 30 décembre, journée de résistance culturelle le 31 décembre et nouvelle manifestation le premier janvier 2004.

A propos de la manifestation du premier janvier, les étudiants ont déjà fait savoir qu’ils comptent fermement investir les abords du palais, où sont érigés des statuts de héros de l’indépendance.

Or, depuis quelques semaines, à chaque manifestation anti-gouvernementale, des centaines de partisans du président occupent les abords du palais.

Par ailleurs, la Convergence Démocratique a annoncé à la population qu’elle organise le 6 janvier 2004 un rassemblement « patriotique » pour marquer le bicentenaire d’Haïti. [gp apr 29/12/2003 23:00]