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Haïti-Élections : Division consommée au niveau de l’opposition ?

P-au-P, 30 sept. 2010 [AlterPresse] --- A deux mois des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2010 en Haiti, les critiques contre le Conseil Électoral Provisoire (CEP) et le gouvernement en place ne se taisent pas, alors que la division parait être consommée au niveau de l’opposition.

De nouvelles actions pacifiques seront entreprises pour bloquer le processus électoral, a déclaré Turneb Delpé, porte-parole du « Front Commun », un regroupement de quatre plate-formes politiques de l’opposition haïtienne qui continuent de conditionner leur participation au scrutin à la démission des actuels membres du CEP ainsi que du président René Préval.

Delpé a tenu ses propos dans les médias, après le lancement officiel de la campagne électorale le lundi 27 septembre 2010.

Au premier jour de la phase dite muette de la campagne, nombre de candidats proches du pouvoir en place, mais aussi de l’opposition, ont fait placer des banderoles et des posters en des points stratégiques de la capitale et des villes de province. Des pylônes électriques et toutes surfaces visibles leur servent aussi de support pour placarder leurs photos et inscrire leurs slogans politiques.

« Tous ces candidats qui décident de participer aux élections vont seulement [attester] le quorum », a déclaré Serge Jean Louis, chef de file de la plateforme « Libération », une des composantes du « Front Commun », lors d’un entretien avec AlterPresse. Selon lui, « les élections ont déjà eu lieu, et le résultat est déjà là ».

Peu avant le coup d’envoi de la campagne électorale, plusieurs candidats inscrits, depuis plusieurs mois, au CEP, sous la bannière de certains partis qui se sont par la suite opposés au processus, ont clairement fait savoir, dans la presse, leur intention de passer outre les consignes des directoires et de participer au scrutin.

Les blocs

D’un coté, le « Front Commun » composé de « Alternative », « Libération », « Rasanble » (Rassembler) et UCCADE ( Union des Citoyens Haïtiens pour la Démocratie, le Développement et l’Éducation ).

Les dirigeants de ces quatre regroupements politiques sont convaincus que le CEP, totalement acquis à la cause de René Préval, s’apprête à « truquer » le scrutin au profit des candidats du parti présidentiel « Inite » (Unité).

Ce noyau dur vient de réaffirmer sa position, à la faveur d’un forum tenu à Damiens (périphérie nord de Port-au-Prince) du 14 au 16 septembre dernier, malgré environ cinq mois d’une mobilisation qui n’a pas réussi à faire grande recette auprès de la population.

A ce groupe, il faut adjoindre « les Aristidiens », emmenés par le docteur Maryse Narcisse, coordonnatrice de l’Organisation Fanmi Lavalas, écartée officiellement du processus par le CEP pour cause de « mandat non authentifié » de la part de son dirigeant historique en exil Jean-Bertrand Aristide.

Il faut aussi mentionner les « Jean-Claudistes » qui avaient, eux, profité de la tribune offerte par les manifestations anti-CEP et anti-Préval des derniers mois pour appeler au retour en Haïti de leur leader, l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier.

Ils ont ainsi fait leur l’argument régulièrement utilisé par « les Aristidiens » pour demander « le retour physique » d’Aristide, à savoir l’article 41 de la constitution haïtienne qui stipule notamment qu’ « aucun individu de nationalité haïtienne ne peut être déporté ou forcé de laisser le territoire national pour quelque motif que ce soit ».

Une autre branche de l’opposition, tout en étant critique par rapport à Préval et au CEP, croit que les élections sont possibles et qu’il faut y participer.

Parmi les tenants de cette vision, on retrouve deux candidats à la présidence de la République, et non des moindres.

Il s’agit de la démocrate-chrétienne Mirlande Hyppolite Manigat, secrétaire générale du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), et de l’industriel Charles Henri Baker du parti « Respect ».

Lors de la présidentielle de 2006, ce dernier était arrivé troisième, tout de suite après Leslie François Manigat qui, face à René Préval (entre autres), tenait, pour la dernière fois, le flambeau de la candidature RDNP à la présidence, avant de le passer à sa femme pour le prochain scrutin.

19 candidats vont s’affronter pour doter le pays d’un successeur à René Préval (qui ne peut plus se représenter).

96 vont livrer bataille pour renouveler 1/3 du Sénat (composé de 30 membres) et 827 autres pour choisir la totalité des 99 membres de la chambre des députés [rh rl gp apr 30/09/2010 06:00]