Par Wooldy Edson Louidor
Bogotá, 28 septembre 2010 [AlterPresse] --- Chaque phénomène naturel qui survient en Haïti, si simple soit-il, tend à se convertir en un désastre provoquant une situation d’urgence. Et chaque désastre rend plus vulnérables l’environnement du pays et la capacité de la population à faire face aux prochains aléas de la nature, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Aujourd’hui, plus de 8 mois après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, quelques jours après la tornade du vendredi 24 septembre et au-delà d’autres problèmes environnementaux enregistrés et/ou à venir, comment devrait-on s’y prendre pour rompre avec le cercle vicieux et infernal des désastres en Haïti ?
Les désastres nous plongent dans l’enfer
On tend à confondre les phénomènes naturels, manifestations de la nature qui peuvent être parfois extrêmes, avec les désastres qui signalent l’impact négatif, intense et direct d’un fait naturel ou anthropique sur l’être humain.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a été un phénomène naturel, s’est converti, en Haïti, en un désastre qui tend à en provoquer d’autres - par exemple durant l’actuelle saison cyclonique -, concrètement avec la situation des personnes déplacées dans les camps improvisés de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Le vocable « désastre » surgit du langage astrologique et astronomique pour désigner le phénomène, suivant lequel une étoile ou n’importe quel corps céleste se désagrège en mille directions jusqu’à disparaître de notre vue.
Le désastre, « ce désordre qui altère l’ordre normal des choses », a été considéré par les anciens comme signe de mauvais augure, prémonition de calamités, de catastrophes ; d’où l’expression « être né sous une mauvaise étoile » qui signifie « avoir de la mauvaise chance ».
Les désastres, qui font pleurer et créent une sensation d’ « enfer », poussent parfois les victimes à crier au ciel à l’instar de celui qui, sur sa croix de souffrance il y a plus de deux mille ans, avait osé réclamer à Dieu en ces termes très durs : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
« La météo ne l’avait pas prédit ! », « Mon Dieu, Mon Dieu ! », criaient les victimes des intempéries ayant déferlé le 24 septembre 2010 sur divers départements géographiques en Haïti, dont Port-au-Prince, rapporte un média de la capitale.
« Les personnes déplacées sont les principales victimes de la tornade », renchérit un autre média. Bilan : 6 morts, 67 blessés, plus de 7 000 tentes détruites dans 160 camps, où les personnes déplacées sont confrontées à une situation d’urgence et à des risques d’épidémie.
Chaque fois qu’il pleut, comme depuis 5 jours, les personnes déplacées vivent l’enfer : leurs camps sont inondés, leurs tentes détruites… Elles se sentent désemparées, laissées à elles-mêmes, exposées à toutes sortes d’épidémies et de maladies, en proie à une peur immense.
Les personnes déplacées ont toutes les raisons de se croire « nées sous une mauvaise étoile ». Depuis peu après le 12 janvier 2010, elles ont reçu des promesses, de la part des autorités haïtiennes et même de certaines organisations internationales, quant à leur relocalisation dans des espaces plus dignes et sécuritaires.
Elles ont manifesté à maintes reprises, dans les rues de la capitale, pour exiger de l’actuel gouvernement haïtien la protection de leur droit au logement.
Elles ont également exprimé aux organisations non gouvernementales (Ong) leur refus de continuer à vivre l’enfer des camps.
Nécessité de prévenir les désastres
Qu’attend-on pour adopter une politique ou un plan de prévention, du moins pour prendre des mesures de mitigation et d’atténuation, face à la saison cyclonique ayant débuté depuis le premier juin dernier (il y a plus de quatre mois) ?
Jusqu’à quand les autorités informeront-elles du plan (tant annoncé) de relocalisation des personnes déplacées ?
Quand les personnes déplacées seront-elles relocalisées ? Où ? Dans quelles conditions ?
Quelles politiques publiques pour réduire la vulnérabilité, environnementale et sociale, et augmenter la résilience de la population face aux phénomènes naturels ?
Jusqu’à quand nous allons arrêter la saignée de l’environnement ?
En un mot, jusqu’à quand nous allons développer une culture de prévention des désastres en vue de stopper notre descente aux enfers ?
Tant que ces questions et bien d’autre encore restent sans réponses, les Haïtiennes et Haïtiens, notamment les personnes déplacées qui dorment pratiquement « à la belle étoile », continueront de se croire « nés sous une mauvaise étoile », « abandonnés » et même « punis par Dieu ».
Pour rompre le cercle vicieux et infernal des désastres en Haïti, nous sommes tous appelés aussi à corriger notre vice en tant qu’Haïtien, qui consiste à mettre nos intérêts personnels et partidistes au-dessus des intérêts supérieurs du pays et de notre environnement.
Alors que les candidats aux prochaines élections, présidentielle et législatives, du 28 novembre commencent à faire campagne et le processus de reconstruction du pays semble se trouver dans une impasse, les questions vitales, telles que la protection de l’environnement, la prévention des risques et désastres naturels… tendent à disparaitre de l’agenda national.
Dans ce cas, comment éviter ou réduire l’impact des désastres ?
Au niveau international, ce serait rendre justice à Haïti, si les grandes nations industrialisés du Nord aidaient effectivement le pays - qui émet très peu de gaz à effet de serre - à inverser la dégradation de son environnement et à prévenir les désastres, puisque « les effets du changement climatique (causé principalement par le réchauffement global) provoquent une augmentation en intensité et fréquence des désastres naturels, particulièrement les phénomènes hydrométéorologiques en Amérique latine et dans les Caraïbes », reconnaît le programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue). [wel rc 28/09/2010 12 :00]